Après cinq semaines de mobilisation contre la loi Travail, cela suffira-t-il pour éteindre le feu de la contestation chez les lycéens et les étudiants ? Manuel Valls a annoncé lundi une série de mesures en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes, après avoir reçu huit organisations syndicales à Matignon. Une "réponse de fond" à des "inquiétudes profondes", selon le Premier ministre, qui devrait coûter entre 400 et 500 millions d'euros par an à l'Etat.
Ces mesures seront intégrées au projet de loi égalité et citoyenneté, présenté mercredi, ou feront l'objet d'amendements au projet de loi Travail.
Prolongation des bourses. Au programme : la prolongation des bourses accordées aux étudiants en difficulté. Une fois leur diplôme en poche, ces derniers pourront continuer de percevoir une aide financière pendant quatre mois maximum. Le dispositif s'adresse tant aux titulaires d'un CAP, d'un baccalauréat professionnel, d'un BTS ou d'un DUT qu'à ceux qui ont obtenu une licence, un master ou un diplôme d'ingénieur.
Cette nouvelle aide à la recherche d'un premier emploi (ARPE) démarrera dès la rentrée 2016 et sera donc versée de septembre à décembre. Matignon estime à 126.000 le nombre de bénéficiaires potentiels, pour un coût de 130 millions d'euros par an.
Un quota dans les IUT. Le gouvernement a également voulu soigner les bacheliers des filières technologiques et professionnelles. Un quota de places en IUT sera désormais réservé aux titulaires d'un bac technologique. Parallèlement, 2.000 places supplémentaires seront créées en section de technicien supérieur (STS, qui permet d'obtenir un BTS), notamment dans les cursus "en lien avec les métiers d'avenir". Et ce, afin de favoriser l'insertion des bacheliers pro dans ce cursus court, réputé pour faciliter l'obtention d'un emploi à la sortie. Actuellement en effet, en dépit de quotas déjà mis en place, la concurrence des jeunes issus des filières générales et technologiques est trop rude et nombre de bacheliers pro ne parviennent pas à entrer en STS.
Taxer les CDD. Matignon a aussi pour ambition d'augmenter la taxation des CDD, afin d'encourager les employeurs à privilégier des contrats pérennes. Une mesure déjà évoquée par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, le mois dernier. L'objectif est de viser une hausse des contributions patronales à l'assurance chômage. Ce levier avait déjà été activé en 2013 mais restait optionnel. L'exécutif veut le rendre obligatoire via un amendement, mais ce sont les partenaires sociaux qui devront définir le barème et le champ d'application de cette "surcotisation".
Des mesures saluées par les jeunes. Du côté des jeunes, les annonces de Manuel Valls ont été très bien reçues. William Martinet, le président de l'Unef, a salué des mesures "importantes", qui "répondent aux préoccupations" de la jeunesse. Mais le jeune syndicaliste n'en a pas pour autant appelé à cesser la mobilisation contre la loi Travail, s'estimant "solidaires" des salariés qui descendront de nouveau dans la rue le 28 avril prochain. Les organisations lycéennes, elles aussi, ont confirmé leur participation à cette journée de manifestation.