Les contrats aidés sont "coûteux" et "pas efficaces dans la lutte contre le chômage", a estimé mercredi la ministre du Travail Muriel Pénicaud, répondant à des députés de gauche inquiets d'une baisse des contrats aidés au deuxième semestre.
Cibler les priorités. Lors des questions au gouvernement, les députés Serge Letchimy (NG) et Jean-Hugues Ratenon (FI) l'ont interpellée à propos d'une baisse qui toucherait notamment l'Outre-mer, leur terre d'élection. Serge Letchimy a dénoncé la suppression de "2.000 emplois" en Martinique, Jean-Hugues Ratenon la prescription de "seulement 1.800 contrats pour les mairies de la Réunion" au lieu des "3.298" réclamés. Les décisions pour la fin de l'année n'ont "pas encore eu lieu", leur a répondu Muriel Pénicaud, précisant qu'elles seraient prises "d'ici quelques jours", guidées par "quatre priorités" : "les Outre-mer, l'Éducation nationale, l'urgence sanitaire et l'urgence sociale".
Elle a justifié la baisse des contrats aidés par "une sous-budgétisation et une surconsommation" par la majorité précédente. Le budget pour 2017 prévoyait 280.000 nouveaux contrats aidés, mais le gouvernement de Bernard Cazeneuve en avait déjà programmé les deux tiers au seul premier semestre. Une rallonge de 13.000 contrats aidés supplémentaires a été annoncée mi-juillet, portant le total pour l'année à 293.000 contrats. "La solution de demain, sur le long terme, ce n'est pas de l'emploi court terme précaire en contrat aidé", a dit la ministre.
Privilégier la formation. "Des études de la Dares (service statistique du ministère, ndlr), de l'OCDE comme de la Cour des comptes montrent trois choses : un, les contrats aidés sont extrêmement coûteux pour la nation ; deux, ils ne sont pas efficaces dans la lutte contre le chômage ; et trois, ils ne sont pas un tremplin pour l'insertion professionnelle", a-t-elle énuméré. Ces contrats permettent surtout aux "associations ou (aux) collectivités locales" d'"équilibrer leur budget grâce à quelque chose qui devrait être de la politique de l'emploi", a-t-elle ajouté. "On peut s'interroger (…) si c'est la bonne démarche". Plutôt que dans les contrats aidés, la ministre préfère "investir dans la formation, dans le développement des compétences et c'est l'objet du grand plan d'investissement 'compétences' que nous lancerons à l'automne".
Manifestation de la quasi totalité des maires de La Réunion
La quasi totalité des maires de la Réunion, soutenus par plusieurs centaines de personnes, se sont rassemblés mercredi devant la préfecture de Saint-Denis pour réclamer l'augmentation du nombre des contrats aidés, sans lesquels la rentrée scolaire ne peut être assurée, selon eux. Stéphane Fouassin, président de l'association des maires de l'île, a affirmé que la rentrée scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires de l'île, prévue le 18 août, "ne pourra pas être assurée" en raison de la baisse du nombre de ces Contrats d'accompagnement dans l'emploi (CAE) financés en grande partie par l'État.
"Pour que la rentrée se passe correctement, dans la sécurité et l'hygiène, il nous faut 3.298 emplois", a précisé Stéphane Fouassin, maire de Salazie, lors de ce rassemblement auquel participaient de nombreux élus. Une délégation a été reçue en préfecture avant dispersion du rassemblement. Début août, la préfecture a annoncé une réduction de 75% de ces contrats aidés, suscitant la colère et l'inquiétude des communes et des associations. Le préfet de La Réunion, Amaury de Saint-Quentin, a annoncé mardi le déblocage de 1.800 contrats pour le milieu scolaire, un nombre jugé insuffisant par les maires.