Avec la crise du coronavirus et la chute des importations, les prix des fruits et légumes ont augmenté de près de 15% en un an au mois de juin. Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA (le principal syndicat d'agriculteurs), a expliqué les raisons de cette forte hausse mercredi matin sur Europe 1. Elle a notamment évoqué les coûts de production, plus élevés en France, mais également appeler les consommateurs à aider l'agriculture locale. "La main d'oeuvre en France coûte plus cher et impacte tout ce qui est fabriqué. On parle de la nécessité de créer des emplois en France suite à la crise, mais il faut comprendre que produire en France coûtera plus cher. On ne peut pas avoir un pays de consommateurs qui veulent toujours acheter moins cher, sinon nous aurons des consommateurs chômeurs", a déclaré la présidente de la FNSEA.
"Pendant le confinement, beaucoup de Français ont découvert les circuits courts, mais 70% sont restés fidèles à la grande distribution. Les Français sont aujourd'hui plus désireux d'acheter français. Il faut absolument conserver cette volonté d'acheter français, car ça fait des emplois en France. Nos achat font nos emplois !", s'est exclamée Christiane Lambert. "On ne peut pas le lundi pleurer parce qu'il y a trop de chômage, et le samedi aller pousser son caddie pour acheter les produits les moins chers mais qui ne sont pas produits en France. Il faut de la cohérence et de l'achat responsable", a demandé la présidente de la FNSEA.
"Fabriquer en France coûte plus cher"
Christiane Lambert a expliqué l'augmentation des prix des fruits et légumes par des "coûts plus élevés" en France. "On parle d'achat local, de consommer local, mais fabriquer en France coûte plus cher. Nous avons des salaires plus élevés, des normes sanitaires et environnementales plus élevées, ce qui représente une partie des surcoûts. Et il y a aussi ce qui a été pointé par le ministre de l'Agriculture et la ministre de la Concurrence, avec un problème de répartition des marges, avec des marges un peu trop gourmandes des distributeurs", a-t-elle mis en avant.
"Le travail en France coûte plus cher. Dans d'autres pays comme la Pologne le Smic est à 300 euros par mois, donc nous n'avons pas du tout les mêmes coûts de production. "Nous avons manqué de main d'oeuvre (pendant et après le confinement), nous avons fait appel à des jeunes et nous avons eu besoin des travailleurs étrangers pour faire ces travaux de récolte", a-t-elle répondu à ceux qui pointent du doigt le secteur de l'agriculture pour une utilisation jugée abusive de travailleurs étrangers.
"Nous ne trouvons pas les Français qui veulent travailler" dans l'agriculture
Christiane Lambert a également déploré le manque de main d'oeuvre dans le secteur agriculture, qui n'arrive pas à attirer suffisamment de travailleurs français. "Le problème que nous avons, c'est que nous ne trouvons pas de main d'oeuvre, même avant le coronavirus. Nous avions besoin de 200.000 saisonniers au printemps sur la saison des grosses récoltes, et aussi avec les vendanges, mais nous ne trouvons pas les Français qui veulent venir travailler dans ces métiers-là",
"Certains disent même que c'est plus confortable d'être au chômage au soi plutôt que de travailler. Il faut bien sûr rendre nos métiers attractifs avec des conditions de travail et de rémunération intéressantes, mais il faut aussi inciter à aller vers ces métiers", a concédé la présidente de la FNSEA.