Année après année, l'emploi à domicile des "nounous" recule en France. C'est ce que confirme pour la 4ème année consécutive le 10ème Observatoire national de la petite enfance, publié par la Caisse nationale d'allocations familiales (CAF). Le nombre d'heures déclarées de garde d'enfants à domicile diminue ainsi sans arrêt depuis quatre ans.
Hausse du travail au noir. Sur la dernière année mesurée par cet observatoire, 2014, on constate une baisse record de 4,6%. Elle s'explique notamment par la suppression en 2011, puis en 2013, de deux dispositifs d'allègement de charges pour l'emploi à domicile. Selon Anne-Adélaïde Séguy, de la Fédération des particuliers employeurs de France, cette double suppression a fait augmenter de 10% le coût de l’emploi à domicile. "Ce qu’on constate, c’est qu’on a toujours autant de particuliers employeurs, mais que le volume d’heures diminue", explique-t-elle. "Et pourtant, les besoins sont toujours là. Les gens ne quittent pas le boulot plus tôt pour récupérer leurs enfants, mais décident de ne pas déclarer une heure supplémentaire ou deux heures."
C’est le cas de Mélanie qui, pour la garde de ses premiers enfants, déclarait tout, sauf les heures supplémentaires de sa nourrice. Aujourd’hui, elle rémunère un tiers de son travail en liquide. Elle estime que ces heures payées au noir lui font économiser "150 à 200 euros" de charges par mois. "Ce n’est pas une situation que je trouve très glorifiante mais concrètement, si j’avais dû tout déclarer, je n’aurais pas pu employer quelqu’un autant de temps. On est un peu obligé de magouiller sur les bords pour pouvoir faire garder ses enfants aujourd’hui", déplore-t-elle.
De nouveaux avantages fiscaux. Pour tenter d'enrayer le mouvement, le gouvernement restaure petit à petit les avantages fiscaux. Il a notamment fait voter au mois de décembre une réduction de charges de deux euros par heure de travail pour toutes les activités de service à la personne à domicile. "Le gouvernement souhaite par cet amendement soutenir le secteur des particuliers employeurs", s’était défendu le secrétaire d’Etat chargé du budget, Christian Eckert. La mesure s’ajoute au crédit d’impôt de 50% pour certains types de services à la personne à domicile.