C'est un coup de fil à 21 milliards d'euros. Mercredi soir, Theresa May, Premier ministre britannique, a appelé François Hollande pour lui confirmer que la Grande-Bretagne avait choisi le projet d'EDF pour la construction d'une nouvelle centrale nucléaire à Hinkley Point, dans le sud-ouest de Londres. Un accord qui relance la filière nucléaire française mais qui n'est pas sans créer quelques inquiétudes.
Le premier contrat depuis 5 ans. Le contrat porte exactement sur la vente de deux réacteurs nucléaires, de type EPR (réacteur pressurisé européen), comme celui qui est actuellement en construction à Flamanville, en Normandie. Cette nouvelle est énorme puisque cela fait des années que la France n'en avait pas vendu. La commande anglaise est la première depuis Fukushima il y a cinq ans, ce qui ravit la direction d'EDF ainsi que le gouvernement.
Retard des EPR en construction. Du côté des syndicats l'enthousiasme n'est pas le même. Ils sont inquiets en raison du risque industriel. Aujourd'hui, plusieurs EPR sont en construction en Normandie, en Chine et en Finlande mais aucun n'est encore en service. Et les chantiers ne cessent d'accumuler du retard, faisant grimper la facture. Les syndicats voudraient donc d'abord finir les constructions en cours et voir le résultat avant d'en commencer d'autres.
Un contrat fragile financièrement. Mais le risque est aussi financier car les 21 milliards d'euros du contrat ne vont pas être payés par les Anglais. C'est EDF pourtant fragile financièrement, en partenariat avec le géant étatique du nucléaire chinois CGN, qui paiera la construction et se remboursera ensuite avec la vente de l'électricité. Mais pour la direction, ce projet est indispensable à la survie de la filière alors qu'une reculade pourrait mettre un coup d'arrêt définitif au nucléaire français.