Directeur général d'AirBnB France depuis septembre, Emmanuel Marill fait un nouveau pas en faveur de la mairie de Paris. La municipalité reproche à la plateforme de location immobilière entre particuliers de fausser la concurrence et d'encourager la fraude. Alors pour mettre fin à ces critiques, le directeur général annonce, dans les colonnes du Parisien mardi, que les hôtes parisiens seront bientôt limités à 120 nuitées de location par an.
Moins de concurrence avec les hôteliers. Pour mieux répondre aux accusations de concurrence déloyale envers les hôteliers professionnels, les particuliers parisiens ne pourront plus louer leurs biens autant qu'ils le souhaitent. "Nous voulons installer sur notre plateforme une limite automatique de 120 nuitées (le maximum autorisé) pour les 50.000 hôtes parisiens. S'ils ont des autorisations pour louer davantage - parce que ce sont des professionnels, qu'ils sont mutés pendant six mois, qu'ils ont un bail touristique... -, ils pourront décocher sur l'honneur cette limite automatique." Une contrainte qui devrait peu impacter les hôtes puisque, d'après le directeur général, "un hôte loue 33 nuitées par an dans la capitale en moyenne."
Une meilleure collaboration avec les mairies. Quant à la rémunération des villes sur ces locations, Emmanuel Marill rappelle qu'une évolution a déjà eu lieu. Depuis 2015, AirBnB collecte automatiquement la taxe de séjour à Paris et à Chamonix. Une mesure qui a rapporté 5,5 millions d'euros à la capitale et que la plateforme compte élargir à 18.000 autres villes de l'Hexagone d'ici à fin 2017. Et pour réduire les possibilités de fraudes, le directeur général propose de "transmettre à la mairie [de Paris] les contacts des hôtes qui louent plus de 120 nuits afin d'affiner les recherches de fraudes", et de simplifier le travail des 25 agents parisiens chargés des contrôles.
Malgré des discussions "depuis des semaines", la date de lancement de ce nouveau dispositif à Paris n'est pas encore connue. Mais le directeur l'affirme, "en cas d'accord, il nous faudra environ trois mois pour démarrer".
"Nous payons des millions d'euros de TVA". Parmi les reproches adressés à la plateforme de location entre particuliers : l'optimisation fiscale à laquelle AirBnB aurait recours. "C'est une vision biaisée", affirme le nouveau directeur de la plateforme. "Sur une nuitée à 100 euros, 97 euros restent dans la poche de l'hôte français. Et nous payons des millions d'euros de TVA. Enfin, depuis deux ans, nous aidons nos hôtes à déclarer leurs revenus en leur envoyant un rappel fiscal."
Une déclaration fiscale dont les plateformes de location seront elles-mêmes chargées en 2019 puisqu'elles devront transmettre directement aux impôts les données fiscales de leurs utilisateurs. Une mesure qui ne semble pas ravir Emmanuel Marill : "Si on étouffe les plateformes avec trop de réglementations, on risque de voir les hôtes basculer vers des plateformes de petites annonces où il y a moins de garanties que chez nous. Et plus de fraudes !"