Les discussions risquent de se prolonger sur le dossier grec dimanche. Alors que les ministres des Finances de la zone euro discutent à Bruxelles et que les dirigeants des dix-neuf pays qui partagent la monnaie unique vont se réunir, Pascal Lamy note que "la négociation est très dure". Mais selon l'ancien directeur de l'Organisation mondiale du commerce, invité du Grand Rendez-vous Europe 1, elle "aboutira, après des rebondissements, probablement à un accord" car "les coûts de la sortie de la Grèce de la zone euro sont plus grands que les coûts d’un maintien, même s’il faut remettre au pot".
Nord contre Sud. Pour Pascal Lamy, cette grave crise "révèle des préférences, des attitudes et des cultures différentes" dans l'Union européenne, divisée entre le Nord et le Sud. Quant à la France, elle est "un peu un pays du Nord et beaucoup un pays du Sud. Les Français aiment la solidarité et modérément la discipline, mais ce n’est pas une notion qui leur est étrangère". Cette position peut être favorable pour tenir une position d'intermédiaire entre les deux camps, note Pascal Lamy : "Les Français sont bien placés pour faire un 'go between' entre des pays du Sud (Italie, Grèce) et les pays du Nord, comme l’Allemagne".
Sur la position adoptée par la chancelière allemande, Pascal Lamy dit "comprendre qu'elle ne se mettre pas en première ligne et qu'elle attende le dernier moment pour dire si elle prend ou pas". Angela Merkel "dirige un pays qui a une réussite économique éclatante au cours des dix dernières années. Et dans un monde où c’est ce qui compte, elle a beaucoup d’autorité", analyse l'ancien directeur de l'OMC. Pour autant, elle "devra utiliser une partie de son capital politique dans son pays" sur le dossier grec. "En fin de compte", prédit Pascal Lamy, "elle adoptera la même attitude que depuis le début de la crise. A chaque fois, elle est allée au feu devant son Parlement pour expliquer qu’on devait [s'engager pour la Grèce] au nom de l’avenir de l’Europe".
Les guerres civiles de la Grèce. Pascal Lamy également mis en garde contre les risques d'un enfoncement dans la crise. Il envisage le "risque que l’effondrement progressif de l’économie grecque se poursuive au risque de chaos social dans un pays qui a connu des guerres civiles à plusieurs reprises au cours de ces 100 dernières années".