Patrick Drahi veut partir à la conquête des États-Unis

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Johann Duriez-Mise avec AFP , modifié à
À LA CONQUÊTE DE L'OUEST - Le patron d'Altice (Numericable/SFR) s'est offert le septième câblo-opérateur américain Suddenlink, pour 8,21 milliards d'euros.

Après l'Europe, le nouveau magnat des télécoms et des médias français Patrick Drahi, 51 ans, s'attaque aux Etats-Unis via le rachat par son groupe Altice de Suddenlink Communications, le septième câblo-opérateur américain. Altice, maison-mère de l'opérateur de télécoms français Numericable-SFR, a mis sur la table la somme de 8,21 milliards d'euros pour acquérir 70% des parts de ce groupe fondé en février 2003 et basé à Saint-Louis (Missouri), selon des sources proches.

Un accord annoncé dans les jours à venir. Les discussions entre Altice, le fonds d'investissement BC Partners et un fonds de pension canadien, propriétaires depuis 2012 du groupe américain, sont à un stade avancé. Ils avaient à l'époque acheté le groupe pour 5,95 milliards d'euros, dette comprise. Un accord devrait être annoncé soit avant l'ouverture des marchés européens mercredi soit à leur clôture, a précisé une des sources.      

Les moyens de son ambition ? Patrick Drahi devient le deuxième homme d'affaires français à souhaiter s'implanter sur le marché américain après la tentative avortée de Xavier Niel, le "trublion" du secteur des télécoms en France, dont l'offre de rachat de l'opérateur T-Mobile US avait été rejetée en 2014. Le patron d'Iliad, maison-mère de Free, avait proposé jusqu'à 16,2 milliards d'euros pour acquérir le numéro trois des télécoms outre-Atlantique, mais cela n'avait pas suffi à convaincre le propriétaire Deutsche Telekom.

1,4 million de clients. En mettant la main sur Suddenlink, Altice va récupérer un portefeuille de près de 1,4 million de clients et sera présent dans une quinzaine d'États dont le Texas, la Louisiane, l'Arkansas, la Caroline du Nord, l'Oklahoma, l'Arizona ou encore la Virginie occidentale. L'opération permettrait au groupe européen, qui s'est beaucoup développé ces dernières années dans la téléphonie mobile et filaire, de revenir à ses premiers amours, le câble. Ce serait un premier pas dans les ambitions d'Altice, qui veut participer à la consolidation du secteur en cours actuellement aux États-Unis, a indiqué une source proche du dossier.

Un plus gros rachat à venir ? Car, selon elle, le groupe qui a fait une entrée remarquée en Bourse l'an dernier, lorgne des proies plus importantes comme le deuxième câblo-opérateur américain Time Warner Cable (TWC) avec 11 millions d'abonnés et une présence dans des grandes villes comme New York ou encore Los Angeles. Des contacts auraient été noués entre les deux parties, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier confirmant les informations du Wall Street Journal. Tout passe pour l'instant par la finalisation du rachat de Suddenlink. Il faut dire que TWC se relève à peine de l'échec de sa fusion annoncée avec son grand rival et numéro un américain Comcast. Les deux groupes ont jeté l'éponge, découragés par les inquiétudes des autorités de la concurrence.

Sous la surveillance du régulateur des télécoms. Toute transaction sera scrutée à la loupe par le département de la Justice (DoJ) et le régulateur des télécoms (FCC). Altice devra aussi obtenir l'approbation de la Commission des investissements étrangers aux Etats-Unis. Time Warner Cable pèse plus lourd (40,28 milliards d'euros) que Altice (28,67 milliards d'euros) en Bourse mardi soir. 

                 

Après SFR, Virgin Mobile et le portugais Oi. L'appétit de l'entrepreneur français lui a permis de bâtir un géant européen des télécoms et des médias, employant près de 30.000 personnes dans une quinzaine de pays et comptant quelque 30 millions d'abonnés. La liste de ses acquisitions n'a cessé de s'allonger ces derniers mois. Il est désormais seul maître à bord de l'opérateur Numericable-SFR. Il a racheté Virgin Mobile et ajouté les actifs portugais du brésilien Oi dans son escarcelle ainsi qu'un opérateur en République dominicaine. L'homme d'affaires est aussi intéressé par le numéro trois français des télécommunications Bouygues Telecom, selon la presse anglo-saxonne.