Le plan de relance élaboré par le gouvernement pour redresser l'économie française, chiffré à 100 milliards d'euros, a été présenté jeudi. Sur ce budget, 35 milliards d'euros sont mobilisés pour soutenir la compétitivité des entreprises. Faut-il leur demander des contreparties ? Thomas Porcher et Philippe Manière en ont débattu sur Europe 1.
Le gouvernement a présenté jeudi un plan chiffré à 100 milliards d'euros, censé relancer l'économie française éprouvée par la crise sanitaire. Les entreprises en sortent grandes gagnantes : 35 milliards d'euros leur sont alloués pour soutenir leur compétitivité. Un choix compréhensible, saluent les spécialistes Thomas Porcher et Philippe Manière. Mais faut-il, en contrepartie, demander des garanties aux entreprises, notamment en termes de préservation de l'emploi, ou de transition écologique ? Opposés sur le sujet, ils en ont débattu jeudi sur Europe 1.
Oui, il faut des contreparties pour Thomas Porcher, membre du collectif Les économistes atterrés
"L'État ne peut pas n'être qu'un assureur, il faut des contreparties. L’État, c’est l’argent de tout le monde. Bien sûr qu’il fallait aider les entreprises, elles subissent un choc. Mais il faut des contreparties car on ne peut pas seulement parier avec l’argent des Français.
Parce que comment va-t-on rembourser ce plan ? Pas avec de l’impôt supplémentaire. On va le rembourser avec de la croissance, dit le gouvernement. Mais s’il n’y a pas de croissance, que se passera-t-il ? Comme en 2011, on prendra le tournant de la rigueur. On va prélever sur la dépense publique et faire des coupes, comme on l’a déjà fait, sur le budget des l’hôpitaux ou dans l’éducation. Je ne suis pas certain que cela soit la solution. Car si l'on était peu préparé devant le Covid-19, c’est en partie parce qu’il y avait eu des coupes drastiques, notamment à l’hôpital."
Non, il n'en faut pas pour Philippe Manière, président du cabinet de conseil Vae Solis
"Je vois bien en quoi on est tenté de dire 'on vous donne de l’argent, faites-en bon usage'. La vérité, c’est qu'un chef d'entreprise fait ce qu’il peut, il n’a jamais de plaisir à licencier ou à ne pas recruter. Mais il ne va pas non plus s'abstenir de licencier pour faire plaisir à la puissance publique. Il optimise ses moyens de production, et de temps en temps, cela veut dire recruter. De temps en temps, cela veut dire ne pas recruter, voire licencier.
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L'idée pour ce plan, comme pour tous les plans de ce type, c’est de dire que l'on va réunir les conditions pour que les entreprises se portent mieux. Qu'elles soient donc plus en condition de recruter et moins en situation de licencier.
Quant à la dépense publique, si l'on se penche sur le sujet, on voit que la France est le seul pays où elle n’a jamais cessé d’augmenter. On peut toujours dire que l'on peut en faire plus. Mais quand on est déjà le pays qui a le plus de dépenses publiques au monde, l’idée qu’il faut en faire plus me paraît difficile à défendre."