En 2019, certaines villes ont payé plus d'un million d'euros d'amende pour ne pas avoir construit suffisamment de logements sociaux. Sur le podium des villes qui ont payé les amendes les plus élevées, on retrouve Saint-Maur-des-Fossés et Boulogne. Au total, c'est plus de 5 millions d'euros d'amende que ces communes auront versé.
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Des amendes supérieures à deux millions d'euros par ville
Tout d'abord, je tiens à rappeler la loi relative à la solidarité et renouvellement urbain (SRU) qui date des années 2000. En gros, les communes de plus de 3.500 habitants doivent compter 20% de logements sociaux sur la totalité de leurs logements sinon, elles payent une amende qui croît avec le nombre de logements sociaux manquants. Parmi les villes qui paient plus de 2 millions d'euros d'amende, on retrouve Saint-Maur, Boulogne, Le Cannet, Saint-Raphaël.
Personnellement, je trouve cette loi scandaleuse et inadaptée. Elle est scandaleuse parce qu'elle homogénéise l'urbanisme alors même que les situations des villes sont toutes différentes. Certaines ont des histoires pavillonnaires, d'autres ont peu de foncier disponible. Prenez le cas de Saint-Raphaël, qui est situé dans l'Estérel. Plus de 80% du territoire de Saint-Raphaël n'est pas constructible, donc l'amende devient punitive.
La France possède 25% des logements sociaux européens
On manque de logements, ça, c'est vrai, mais on ne manque pas de logements sociaux. La France, elle, accueille sur son territoire 25% des logements sociaux européens. Le logement social en France, c'est 5 millions d'habitations qui loge 10 millions de personnes. De ce fait, ce sera quand même difficile de m'expliquer que ce n'est pas beaucoup.
Le problème, c'est qu'on a fait du logement social la pierre angulaire de notre politique de logement. La France manque de logements là où est concentrée l'activité économique. Il faut construire des logements sociaux et puis aussi arrêter de pourrir la vie des propriétaires, parce que c'est ça qui va faire augmenter l'offre et qui fera baisser les prix.
Il faut mettre fin aux injonctions contradictoires. On a en France une loi sympathique contre l'étalement urbain, mais qui rend extrêmement difficile pour les maires le fait de construire. Et puis d'ailleurs, dans les villes que nous avons citées, les maires que je connais bien d'ailleurs pour la plupart, y construisent et construisent au maximum. Et d'ailleurs, ils ont tous été quasiment tous triomphalement élus ou réélus.
Soutenir la construction dans les villes
Pour mettre fin à la pauvreté, il faut soutenir les maires qui construisent, que ce soit du logement social ou pas. Mais, il faut surtout changer la façon de penser. C'est le locataire ou l'acheteur qui est social, pas le bailleur. D'ailleurs, ce locataire, il n'a pas vocation à rester toute sa vie dans un logement social. Donc, il faut construire plus d'immeubles, plus de maisons individuelles et aider les gens les moins aisés à accéder aux logements et investir dans des chauffages qui n'émettent pas de CO2.
Je trouve que du point de vue politique, c'est quand même très difficile d'avoir d'un côté un Premier ministre qui fait des discours énamourés aux élus locaux et de l'autre, une ministre du Logement qui explique doctement au maire à quoi doit ressembler leur ville".