La Banque d'Angleterre évoque la possibilité d'une "récession technique", le FMI prévient d'un "risque important pour l'économie mondiale", le G7 redoute un "choc", tandis que les journaux économiques les plus réputés, le Financial Times et The Economist, craignent un retour à une "petite Angleterre". Si les avis sur le Brexit sont partagés parmi les électeurs et le personnel politique outre-Manche, il est en revanche un secteur dans lequel ce référendum ne fait pas débat : les milieux économiques. A leurs yeux, le Royaume-Uni serait la première victime d’un Brexit d’un point de vue économique et financier.
Le Royaume-Uni est celui qui a le plus à perdre. Depuis leur adhésion en 1973, accompagnée de nombreuses exceptions, les Britanniques sont ceux qui se sont le plus enrichis. Ainsi, la richesse par habitant y a plus augmenté que dans le reste de l’UE et le pays reste la première destination des investissements en Europe, souligne Nicolas Barré dans son Édito éco. De même, la taille de l’économie britannique a cru de 10 à 20% de plus que si Londres était restée en dehors de l’Europe.
La City pourrait perdre de son influence. Bien que Londres ne soit pas dans la zone euro, la City est devenue la capitale financière de l’Europe. Londres domine largement le marché des changes, ainsi que celui des émissions d’obligations en euros. Résultat, toute banque européenne se doit d’y avoir une filiale, ce qui ne serait plus le cas si le vote en faveur d’un Brexit l’emportait. La City redoute de voir partir de nombreux établissements, qui partiraient pour Francfort, Paris ou Amsterdam, et de perdre des dizaines de milliers d’emplois. Bref, la City ne pourrait plus rivaliser avec Wall Street.
Des exportations menacées. Si le Royaume-Uni n’a pas adhéré à l’espace Schengen, synonyme de libre circulation des personnes, il a en revanche rejoint le marché intérieur et peut donc commercer sans obstacle avec le reste de l’UE. Résultat, 44% de ses exportations sont destinées aux Européens, une situation qui pourrait changer en cas de Brexit : le retour des taxes douanières, des contrôles de sécurité et des formalités administratives risquent de faire chuter le commerce.
Pour éviter un tel scénario, le Royaume-Uni devrait alors faire comme la Norvège pour accéder au marché unique : contribuer au budget européen et accepter toutes les règles européennes sans avoir son mot à dire. En clair, Londres devrait faire davantage de concessions pour conserver les mêmes avantages.
Le risque d’une année de récession. Le Trésor a également effectué des prévisions en cas de Brexit, et elles ne sont pas réjouissantes. "L'économie britannique plongerait dans une récession d'une année", affirmait fin mai l’équivalent britannique du ministère des finances et du budget. Dit autrement, chaque foyer britannique perdrait environ 4.300 livres de revenus par an (5.400 euros) et ce de manière "permanente". Les experts du Trésor ont calculé que le produit intérieur brut (PIB) du pays serait inférieur de 3,6% au bout de deux ans à ce qu'il aurait été en cas de vote pour rester dans l'UE, et même inférieur de 6% dans le cadre d'un scénario encore plus pessimiste.
Et d'un recul de la recherche outre-Manche. Près de 1.300 chefs d'entreprise ont aussi lancé mercredi un appel commun en faveur du maintien au sein de l’UE, mais la mobilisation dépasse le secteur économiques. Les prix Nobel se sont en effet emparés du sujet : treize scientifiques britanniques ont signé une lettre commune publiée le 11 juin dans la presse pour mettre en garde contre les conséquences pour la recherche. "La perspective d'une perte des financements de l'Union européenne constitue un risque majeur pour la recherche scientifique britannique", préviennent-ils.
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