Pourquoi les licornes, les "super start-up", se multiplient en France depuis un an

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La France compte, depuis jeudi, 19 licornes, ces start-up valorisées plus d'un milliard de dollars. C'est quasiment deux fois plus qu'il y a un an. Une forte accélération due au contexte économique très généreux après le Covid-19 et qui récompense le repositionnement de la France dans le monde de la tech.

La France, nouveau pays des licornes. Il n'est pas question ici de l'existence dans nos campagnes de ces animaux imaginaires mais des start-up valorisées plus d’un milliard de dollars. Symbole de la réussite dans la Silicon Valley, ce pallier a été introduit en France avec l'émergence de la "start-up nation". Après des débuts difficiles, le retard hexagonal a été progressivement comblé. Et la "French Tech" vit désormais une période dorée : le nombre de licornes a pratiquement doublé en six mois, passant de 10 à 19. La conséquence, notamment, d'une période post-crise sanitaire particulièrement faste.

La "start-up nation" séduit les investisseurs étrangers

Younited Credit est la dernière start-up en date à avoir rejoint, le 8 juillet, le club très select des licornes. Selon L'Express, cette entreprise de distribution de prêts à la consommation en ligne, créée en 2009, a levé 170 millions de dollars auprès d'investisseurs, dont la banque américaine Goldman Sachs. Une opération qui lui permet de dépasser le seuil du milliard de dollars de valorisation, six ans après BlaBlaCar, la première start-up tricolore à avoir réussi cet exploit. Depuis, la France a gagné en attractivité, les levées de fonds de dizaines, voire centaines de millions de dollars sont devenues monnaies courantes.

"La France a connu une progression assez fulgurante ces dernières années. Le positionnement "start-up nation" a été très bien perçu à l'étranger et il a contribué à faire venir des investisseurs. L'écosystème institutionnel français a également évolué pour mieux accompagner les start-up dans leurs levées de fonds", analyse pour Europe 1 Christopher Dembik, économiste et directeur chez Saxo Bank. L'instauration d'une délégation massive de la French Tech au CES de Las Vegas et les événements comme Choose France, destinés à séduire les investisseurs étrangers, semble donc porter ses fruits.

Une crise sanitaire aux vertus économiques inattendues

Résultat, la France compte à présent 19 licornes dans tous les secteurs de l'économie : musique, informatique, immobilier, santé, assurance, jeux vidéo… Certaines sont devenues connues avec le temps comme OVH, Deezer, Doctolib et plus récemment Back Market, vendeur de smartphones reconditionnés, et ManoMano, notre "Amazon du bricolage". À ce rythme, la French Tech devrait atteindre avec beaucoup d’avance l’objectif fixé par Emmanuel Macron de 25 licornes en 2025.

Paradoxalement, cette accélération soudaine en 2021 est une conséquence directe de la pandémie de Covid-19. "La crise sanitaire a été bénéfique aux start-up. Pendant cette période, les États et les banques centrales ont versé des sommes astronomiques d'argent pour soutenir l'économie", rappelle Christopher Dembik. "Résultat, les investisseurs ont eu tellement d'argent à placer qu'ils ont été un peu moins regardants. Cela explique pourquoi il y a tant de levées de fonds depuis le début de l'année, ce n'est plus un phénomène extraordinaire."

La France, 6ème au classement des licornes

De fait, la France n'est pas un cas isolé. Depuis le début de l'année, 220 licornes ont déjà émergé dans le monde, soit deux fois plus en six mois que sur la totalité de l’année 2020. Une période dorée qui devrait durer encore un peu. "La Banque centrale européenne a maintenu début juillet sa politique très accommodante. Les liquidités vont continuer à arriver sur les marchés. Pour les start-up, ce sera donc encore assez facile de lever des fonds pour encore six mois à un an. Au-delà, c'est plus difficile de se projeter", estime Christopher Dembik.

Tout le monde profite de l'argent qui coule à flot mais la France peut-être plus que d'autres. En peu de temps, nous avons rattrapé notre retard et nous sommes aujourd’hui le 6ème pays en nombre de licornes, derrière les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Royaume-Uni et Israël mais nous sommes désormais devant l’Allemagne. Prochaine étape pour les pépites françaises : grandir encore pour devenir des "décacornes", des start-ups valorisées plus de 10 milliards de dollars. On en compte seulement une trentaine dans le monde.