De nombreux Français pensent que leur pouvoir d’achat a baissé ces dernières années, mais en réalité, le pouvoir d’achat a plutôt tendance à augmenter régulièrement. Les chiffres de l’Insee le montrent, le pouvoir d’achat n’a pas baissé ces dernières années.
C’est la préoccupation des Français et d’ailleurs, les partis en ont fait un point fort de leurs programmes : le pouvoir d’achat . De nombreux Français pensent que leur pouvoir d’achat a baissé ces dernières années. Mais en réalité, le pouvoir d’achat a plutôt tendance à augmenter régulièrement. Il n’est évidemment pas question de nier les 14% de Français qui vivent sous le seuil de pauvreté ou ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Mais les chiffres de l’Insee le montrent : le pouvoir d’achat n’a pas baissé ces dernières années. Au contraire, il a augmenté : de 8% sur 10 ans, de 14% sur 20 ans.
Les économistes observent de longue date un décalage entre perception et réalité, décalage qui s’est accentué avec la crise inflationniste. "Si le prix des biens alimentaires augmente, comme c’est une dépense fréquente, ça va jouer davantage sur votre perception généralisée", analyse Gilles Moëc, chef économiste chez Axa.
Des mesures politiques ne sont pas encaissées de la même façon
Les gains de pouvoir d’achat issus de mesures politiques comme la suppression de la taxe d’habitation ou les boucliers tarifaires sur le gaz et l’électricité passent aussi plus facilement inaperçu pour les ménages. "Il y a la mémoire sélective et l’oubli, c’est naturel, ajoute Gilles Moëc, les éléments qui arrivent une fois et qui sont un non-paiement au lieu d’être un gain, ne sont pas considérés comme une augmentation pérenne du pouvoir d’achat". "Il y a une asymétrie dans notre perception, abonde Philippe Moati, professeur d’économie à l’université Paris Cité et cofondateur de l’observatoire société & consommation (ObSoCo), éviter de faire une dépense n’est pas comparable à un gain de même niveau qui se traduirait par une hausse de salaire".
S’ajoutent aussi les nouvelles dépenses. Des dépenses non-contraintes mais vécues comme telle par bon nombre de Français. "Aujourd’hui, si vous n’avez pas un smartphone, si vous n’avez pas un ordinateur à la maison avec internet, si vous n’êtes pas abonné à un site de streaming qui vous permet de parler des séries à la mode avec vos collègues, vous avez un sentiment de déclassement ou d’exclusion", souligne Philippe Moati. Et les Français ne sont pas plus optimistes concernant l’avenir. Plus d’un sur deux pense que son pouvoir va se dégrader alors qu’il devrait plutôt augmenter d’environ 1% cette année.