Emmanuel Macron se pose des questions sur le prélèvement à la source. Le chef de l'État a dit jeudi "attendre des réponses précises" avant de décider si la réforme sera effectivement mise en place à partir du 1er janvier. Au sein de la majorité, on estime que les doutes du président sont liés à l'impact psychologique du prélèvement à la source, qui amputera chaque mois le salaire du montant de l'impôt. Pour éviter un tel choc, BNP Paribas a décidé d'une mesure radicale : répartir le 13ème mois sur l'ensemble de l'année.
Baisse de la rémunération nette mensuelle. Concrètement il n'y aura donc plus de 13ème mois pour les salariés de la banque : ce mois de salaire, versé à la fin de l'année, va être lissé sur les douze autres mois de l'année. L'objectif est de faire en sorte que les collaborateurs n'aient pas l'impression de perdre du salaire avec le prélèvement à la source. En effet, à partir de janvier, le montant de l'impôt sur le revenu sera ponctionné directement le salaire à la fin de chaque mois. Avec pour conséquence une rémunération nette en baisse, certes, mais pas de perte de pouvoir d'achat puisqu'il n'y aura plus à payer l'impôt sur le revenu d'une seule traite à l'automne.
Lissage du 13ème mois : un cas concret
Prenons un salarié de BNP Paribas qui gagne 2.000 euros net mensuel et qui paye 100 euros d'impôts par mois. À la fin du mois de janvier 2019, avec le prélèvement à la source, son salaire sera donc de 1.900 euros net. Mais en répartissant le 13ème mois (2.000 euros également), il bénéficiera de 167 euros de plus chaque mois. Soit un salaire net de 2.067 euros.
Reste que le choc psychologique peut être important. D'où cette mesure radicale instaurée par BNP Paribas. "Cet aménagement simplificateur améliorera la lisibilité du bulletin de paie pour le salarié", explique la banque au Monde. Mais la mesure fait grincer des dents en interne. "La direction veut éviter un choc psychologique aux salariés, mais l’impression d’avoir une amélioration du pouvoir d’achat sera gommée par l’absence d’un treizième mois fort attendu à la veille des fêtes de fin d’année", regrette ainsi la fédération CGT du groupe bancaire.
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Des pistes similaires à l'étude. Malgré les réticences, la mesure, certes radicale, de BNP Paribas pourrait faire des émules. Selon nos informations, d'autres entreprises réfléchissent également à des parades, afin de limiter l'impact psychologique du prélèvement à la source. La réforme, qui va nous donner l'impression que nos salaires baissent, pourrait en effet réveiller des demandes d'augmentation ou de compensation…