L’organisation patronale présente mardi les réformes qu’elle souhaiterait voir lancées par le futur président de la République.
Comme chaque année, les grands patrons se retrouvent pendant trois jours à Jouy-en-Josas pour l’université d’été du Medef. Mais alors que ce rendez-vous permet de débattre des dossiers en cours et des défis à venir, l’édition qui précède une élection présidentielle a toujours un parfum particulier : les candidats défilent et le monde de l’entreprise liste ses exigences.
Moins de charges et d’impôts sur les sociétés. Bien qu’ayant bénéficié du Pacte de responsabilité et du CICE, qui devraient représenter à terme un geste de 41 milliards d’euros par an, les chefs d’entreprises en veulent plus, et pour cause : les charges et impôts sur les sociétés restent malgré tout plus élevé qu’en Allemagne, érigé en modèle. Le Medef souhaite donc que le gouvernement poursuive le mouvement et procède à une nouvelle baisse des charges à hauteur de 90 milliards d’euros.
Une baisse des dépenses publiques. N’ayant pas de marge de manœuvre financière, l’Etat devrait alors réaliser des économies pour un montant équivalent en réduisant notamment le nombre de fonctionnaires. Or, un effort de 90 milliards ne serait pas anodin pour les comptes publics : cela représente presque 20% des dépenses publiques, qui se sont élevées à 463 milliards d’euros en 2015 selon l’Insee.
Une réforme de l’impôt sur le revenu. L’organisation patronale souhaite également que l’Etat ponctionne moins les ménages fortunés pour que ces derniers puissent investir davantage. Pierre Gattaz demande donc une fiscalité plus "lisible et motivante", mais aussi la suppression d’un symbole fort : l’impôt sur la fortune (ISF).
Déréguler le marché du travail. Le Medef continue de demander une réforme du marché du travail afin de le rendre plus souple et plus simple du point de vue des employeurs. C’était d’ailleurs l’objectif initial de Myriam El Khomri et de sa loi Travail, sauf que cet ensemble de réformes a sensiblement évolué face à la bronca suscitée du côté de la majorité et des syndicats. "La réforme allait dans le bon sens au départ, mais elle n'a pas été bien expliquée et les Français en ont retenu, à tort, que les licenciements allaient se multiplier. Et tout est parti de travers... ", a déclaré Pierre Gattaz aux Echos. Le Medef espère donc que le prochain gouvernement remettra ce dossier sur la table et s’attaquera même à un symbole : les 35 heures.
Annuler le compte pénibilité. Bien qu’il ait signé l’accord instituant ce dispositif, le Medef refuse de l’appliquer et espère qu’un changement de président permette d’annuler cette réforme, qualifiée de "mesure antiéconomique". Pour rappel, le compte pénibilité est censé prendre en compte la dureté du travail dans le déroulé des carrières et l’âge de départ à la retraite. Mais sa mise en place se heurte à la difficulté de mesurer la pénibilité d’une tâche ou d’un poste.
Le Medef assure pouvoir créer 2 millions d’emplois. Si le plaidoyer de l’organisation patronale est entendu, ce dernier estime que les entreprises pourront plus facilement dynamiser la croissance et créer des emplois. Et pas qu’un peu : Pierre Gattaz a évoqué deux millions de créations d’emplois en cinq ans, dans un entretien accordé mardi aux Echos. Un chiffre qui en rappelle un autre : le million d’emplois promis en cinq ans par le même Pierre Gattaz en échange du Pacte de responsabilité, un objectif jamais atteint. L’an dernier, les entreprises françaises ont créé 150.000 emplois, selon une estimation du Medef.
Des revendications finalisées en décembre. Les grandes lignes sont connues mais les détails seront donnés en fin d’année. Le Medef publiera en décembre sa contribution à l’élection présidentielle, un document sur lequel les candidats seront invités à se positionner.