La France aura-t-elle assez de réacteurs nucléaires pour répondre à tous ses besoins ? Pour construire sa prochaine programmation pluriannuelle de l'énergie, le gouvernement a demandé à l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) d’étudier la prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires d’EDF jusqu’à leurs 60 ans. Aujourd’hui, certains d’entre eux ont dépassé leur durée de vie initiale de 40 ans. Mais l’ASN a identifié deux points qui pourraient compromettre ce projet et a demandé à EDF de les étudier rapidement.
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Le retour d'expérience de la centrale de Cruas, exposée au risque sismique
Le premier point sensible repose sur "les coudes E", présents sur cinq réacteurs nucléaires. Ce sont des parties de la tuyauterie qui sont reliées à la cuve du réacteur, exposées à des températures élevées et à de fortes radiations, ce qui rend donc toute intervention ou travaux plus compliqués.
Le deuxième élément qui attire l’attention de l’ASN est la centrale de Cruas, en Ardèche. "Le deuxième point porte sur la prise en compte du retour d’expérience du séisme qui est survenu au Teil en novembre 2019", explique Julien Collet, le directeur général adjoint de l’Autorité. "C'est un retour d’expérience qu’il faut prendre en compte pour les réacteurs de la centrale de Cruas."
Au moins 32 réacteurs vont fonctionner jusqu'à leurs 50 ans
Sur ce point, EDF précise qu’une étude est en cours pour savoir ensuite s’il faudra adapter ou non les réacteurs de la centrale. Mais pour Nicolas Goldberg, expert de l’énergie chez Colombus Consulting, ces vérifications ne sont pas très surprenantes en réalité. "C’est le processus normal du cycle nucléaire. Tous les dix ans, vous regardez quels réacteurs vous pouvez prolonger, à quelles conditions technico-économiques", indique-t-il.
En 2021, 32 réacteurs nucléaires ont obtenu le feu vert de l’ASN pour fonctionner jusqu’à leurs 50 ans.