C'est une mégacommande dont le secteur de la construction navale ne peut que se réjouir. Les chantiers STX France ont officialisé mercredi un contrat avec la compagnie internationale MSC Croisières d'un montant de 4 milliards d'euros.
Quatre gigantesques paquebots. MSC, quatrième compagnie de croisières au niveau mondial, a en effet décidé d'acquérir quatre paquebots gigantesques auprès de STX. Le groupe italo-suisse est l'un des fidèles clients des chantiers de Loire-Atlantique, puisqu'il a déjà commandé douze bateaux à Saint-Nazaire depuis 2003. Les quatre "World Class" qui viennent s'ajouter à la liste, longs de 335 mètres et larges de 47, proposeront plus de 2.750 cabines passagers chacun.
3.500 emplois à la clef. Ce nouveau contrat est une "très très bonne nouvelle" pour STX, a souligné le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, mercredi. Mais aussi pour le gouvernement, qui détient 33% de l'entreprise. Les 37 millions d'heures de travail nécessaires à l'élaboration et la construction des navires promettent aux chantiers une activité soutenue à l'horizon 2026, avec 3.500 emplois à la clef. Le mauvais souvenir des années difficiles connues par l'entreprise au début de la décennie s'éloigne.
Un début de décennie difficile. Car tout n'a pas toujours été aussi rose pour Saint-Nazaire. Durement touchés par la crise de 2008, les chantiers n'avaient enregistré quasiment aucune commande en 2011. L'année suivante, la commande de deux navires de croisières passée par l'armateur norvégien Viking River Cruises était tombée à l'eau. Des centaines de salariés s'étaient retrouvés au chômage partiel pour compenser une sous-activité chronique. Ce n'est qu'à la fin 2012 que l'horizon s'était finalement éclairci avec la promesse de la construction d'un paquebot géant, l'"Oasis of the Seas", pour l'Américain Royal Caribbean Cruise. Ce chantier avait tout de même été avancé, en 2014, pour éviter de nouvelles périodes de chômage partiel.
Des carnets de commande bien remplis. Depuis 2015, STX France semble sorti de l'ornière de manière durable. L'an dernier, son chiffre d'affaires était proche du milliard d'euros et son carnet de commande déjà bien rempli, non seulement de paquebots mais aussi de sous-stations électriques dédiées à l'exploitation des énergies sous-marines renouvelables. Seule ombre au tableau : les atermoiements de sa maison-mère, le sud-coréen STX. En 2014, il avait décidé de vendre ses chantiers européens et s'était rapidement débarrassé de ceux localisés en Finlande. Mais en France, aucune négociation n'a encore abouti.
Un personnel très qualifié. Dans ce contexte incertain, la commande de MSC ne peut qu'être bénéfique. "Il y a une vingtaine d'années, tout le monde avait pourtant condamné les chantiers français", rappelle au micro d'Europe 1 Jean-Hervé Lorenzi, professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine. Selon lui, si STX a réussi à rebondir, c'est d'abord parce que l'entreprise a su profiter de ses "atouts", à savoir "la qualification exceptionnelle de ses personnels", comme ses ingénieurs.
Le florissant marché de la croisière. Mais STX a aussi eu "une capacité à se projet, à être imaginatif", souligne Jean-Hervé Lorenzi. Les chantiers ont notamment anticipé que "le vieillissement de la population allait faire exploser le marché de la croisière" et pousser les compagnies maritimes à se développer. De fait, depuis cinq ans, le secteur progresse en moyenne de 10% chaque année en France. MSC, qui a transporté 1,7 million de passagers en 2015, espère atteindre les 3,6 millions d'ici à 2021.