En France, fin 2021 et début 2022, les démissions ont atteint un niveau historiquement élevé. Quelque 520.000 ont été comptabilisées par trimestre sur la période, dont 470.000 pour les seuls CDI. C'est plus que le précédent record du premier trimestre 2008. Peut-on pour autant parler d'une vague de "grande démission", comme celle enregistrée aux États-Unis mi-2021 ? Et que cela traduit-il ?
Une hausse du taux de démission normale en temps de reprise économique
Cette vague est plutôt un bon signe pour l'économie. Si l'on rapporte le nombre de démissions au nombre de salariés en France, on obtient alors un taux de démissions de 2,7 %. Ce taux est bas pendant les crises et il augmente en période de reprise. Concrètement, quand l'économie va bien, il y a de nouvelles opportunités sur le marché du travail, incitant donc à quitter son emploi plus souvent. Dans le contexte actuel, la hausse du taux de démission apparaît alors comme normale avec la reprise économique suite à la crise sanitaire. D'autres indicateurs viennent contrebalancer ces chiffres qui pourraient inquiéter le taux d'emploi, notamment Bertrand Martinot, économiste spécialiste de l'emploi à l'Institut Montaigne.
"Les opportunités de passer d'un emploi à l'autre sont plus simples"
"Le marché du travail a été extraordinairement dynamique, avec énormément de créations d'emplois", assure-t-il. "Les opportunités de passer d'un emploi à un autre sont tout simplement beaucoup plus simples. Beaucoup de salariés utilisent cette vigueur du marché du travail pour se repositionner sur d'autres emplois et tout simplement aller voir ailleurs si les conditions salariales de travail sont meilleures".
Dans une période où de nombreux secteurs ont des problèmes pour recruter, les salariés sont en position de force pour négocier. En ce moment, huit démissionnaires de CDD sur dix retrouvent un emploi dans les six mois qui suivent.