Plus de 20.000 Français ont participé à la grande consultation sur le système des retraites, lancée le 31 mai dernier sur Internet. Les réponses des citoyens ont certes mis au jour leurs "inquiétudes", notamment sur le niveau des pensions, mais ont aussi permis à Jean-Paul Delevoye, le Haut-Commissaire à la réforme, de récolter de précieux avis sur le sujet. Des avis que ce dernier a présentés jeudi matin à la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn. Cinq idées font d'ores et déjà consensus.
Simplifier le système
Le système actuel est en effet jugé trop complexe, voire même illisible pour les citoyens, qui plaident pour une plus grande transparence et une information plus claire sur le montant de la retraite à percevoir. Ainsi, 95% des contributeurs veulent "faire mieux connaître et faciliter le recours aux dispositifs de transition entre vie professionnelle et retraite".
Près de neuf citoyens consultés sur dix (88%) se prononcent en outre pour la création d'un dispositif d'évaluation du système. L'instance serait composée de 51% de citoyens, 39% d’experts et ONG et de seulement 10% de parlementaires.
Instaurer un régime de retraite universel
C'est là toute l'ambition du gouvernement : mettre fin aux 42 régimes actuels, datant de l'après-guerre, et créer un système de retraite universel, dans lequel un euro cotisé donnerait les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé et le statut de celui qui a cotisé. Près de 77 % des participants y sont favorables, note à ce propos Le Parisien. Dans cette configuration, les régimes spéciaux, et notamment celui des parlementaires, seraient donc supprimés. Certains cas font cependant débat, notamment celui des travailleurs indépendants.
Maintenir le principe de solidarité
Le système de répartition doit toutefois s'adapter à la pénibilité et à la dangerosité de certains métiers, selon les contributions. À travers les consultations sur le handicap, les inégalités femmes-hommes, les jeunes ou les faibles revenus, les citoyens rappellent d'ailleurs "leur attachement à un système solidaire et protecteur", est-il inscrit dans la synthèse de la consultation publique : "la prise en compte de la pénibilité est attendue, et l’espérance de vie apparaît souvent comme inégalitaire, aléatoire ou peu pertinente au regard de l’espérance de vie en bonne santé par exemple".
Sur les inégalités salariales entre les femmes et les hommes, 93% des citoyens soulignent aussi l'importance de lutter contre le phénomène en amont, plutôt que dans le système de retraite.
Garantir un montant minimum de retraite
Là encore, c'est une piste envisagée par le Haut-Commissaire à la réforme des retraites. Et adoubée par 92% des participants. Pour ceux-là, cette retraite "plancher" devrait être supérieure au minimum vieillesse, actuellement de 833 euros pour une personne seule, et concerner également ceux qui n'ont pas travaillé toute leur vie.
Étendre l'acquisition de droit pour les périodes de formation professionnelle, d'apprentissage ou d'alternance
Actuellement, ces périodes ne donnent droit à aucun trimestre. Pour 91% des Français qui se sont exprimés sur la plateforme, cette situation mériterait néanmoins de prendre fin à l'occasion de la réforme. Cela permettrait notamment de rendre l'apprentissage ou l'alternance plus attractifs. Cette possibilité devrait toutefois "être limitée dans le temps pour éviter les excès", note la synthèse de la consultation publique.
Le calendrier de la réforme
- Du 7 janvier à mi-février : deuxième round de discussions avec les partenaires sociaux
- Avant l'été : remise des préconisations de Jean-Paul Delevoye, Haut-Commissaire à la réforme des retraites
- D'ici à la fin 2019 : vote de la loi
- 2025 : entrée en vigueur de la réforme. À cette date, la génération concernait sera celle née à partir de 1963