Au-delà de la crise économique liée au coronavirus qui les touche de plein fouet, les compagnies aériennes vont-elles voir leur ciel judiciaire s'assombrir également ? L'association de consommateurs UFC-Que choisir menace d'assigner en justice 57 d'entre elles, dont Air France, car elles refuseraient de rembourser leurs clients pour leur imposer à la place des avoirs, valables pendant un à deux ans. Selon Gaëtan Dupin, juriste de la structure, c'est une pratique illégale qui viole la règlementation européenne, explique-t-il vendredi sur Europe 1. "Nous leur laissons 15 jours pour se conformer à la loi", prévient-il.
Un risque pour les consommateurs
"En cas d'annulation d'un vol, les compagnies aériennes doivent proposer le remboursement sous 7 jours", selon Gaëtan Dupin. "Ce qu'on constate, c'est que près de 80% des compagnies aériennes ne jouent pas le jeu et proposent des avoirs à leurs clients au lieu de leur proposer un remboursement."
Selon l'UFC-Que choisir, au-delà d'être une pratique illégale, cette manière de compenser des pertes colossales pourraient in fine léser le consommateur : "Il y a de plus en plus de compagnies aériennes qui ont des difficultés financières. Certaines se retrouvent en procédure collective ou en liquidation judiciaire. Ce système d'avoirs est donc très dangereux pour les consommateurs, puisque les passagers ne sont pas remboursés et d'ici six mois ne pourraient pas voyager, alors qu'ils auraient dû être remboursés si la loi avait été respectée."
Ultimatum de deux semaines
Sur Europe 1, mercredi, le PDG de l'Association internationale du transport aérien Alexandre de Juniac défendait ce système d'avoirs, indispensable au regard de la période selon lui : "Nous sommes dans une situation tellement grave que si nous sommes obligés de rembourser l'ensemble des billets vendus maintenant, ça tuera les compagnies aériennes", expliquait-il.
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Mais pour Gaëtan Dupin, l'argument juridique et le respect des consommateurs priment : "Les compagnies aériennes ont eu un mois pour s'adapter et pouvoir proposer une solution satisfaisante aux consommateurs. Aujourd'hui, cette solution n'est pas proposée. Nous leur laissons 15 jours pour se conformer à la loi, sinon nous nous verrons contraints de prendre les mesures qui s'imposent à leur égard", prévient le juriste de l'UFC-Que choisir.