Bonne élève en 2022, la France est un des pays les plus concernés par l'inflation en 2023. La faute notamment aux mesures de protection du pouvoir d'achat des Français, qui ont permis de limiter les pics de prix, mais qui en contrepartie, étalent dans le temps l'inflation plus que dans le reste de la zone euro.
Le vent inflationniste qui souffle sur l'Europe est-il en train de se retourner contre la France ? L'Hexagone, qui pouvait se vanter l'année dernière d'être l'un des pays les moins touchés par l'inflation de la zone euro, est aujourd'hui l'un des pays européens les plus concernés par la hausse des prix.
LIRE AUSSI >> L'inflation se maintient à 4,9% sur un an en septembre
Une stratégie qui prolonge la hausse des prix
Mais pourquoi ce retournement de situation ? Parmi les pistes avancées : les mesures de protection adoptées l'année dernière pour protéger le pouvoir d'achat des Français. Ainsi, en 2022, une remise de 30 centimes par litre de carburant était en vigueur , tandis que le bouclier tarifaire limitait la hausse du prix du gaz. Mais un an plus tard, ces mesures de protection n'existent plus ou sont progressivement supprimées. Et si elles ont limité l'inflation en 2022, elles limitent désormais la déflation en 2023, estime Gilbert Cette, professeur à Neoma Business School.
"La stratégie française a protégé les ménages français des pics de l'inflation et l'a écrêté", explique l'enseignant au micro d'Europe 1. "Mais mécaniquement, cette stratégie fait durer l'inflation un peu plus longtemps que dans les autres pays", poursuit-il.
La hausse des salaires, prochaine spirale inflationniste ?
Et le retour à une inflation plus raisonnée pourrait encore se faire attendre, alors que le bouclier tarifaire doit encore être allégé l'année prochaine avant de disparaître. Et la France est aussi le seul pays de la zone euro où le salaire minimum est indexé sur l'inflation. Ainsi, depuis janvier 2021 notre SMIC a augmenté de plus de 13%.
Une bonne nouvelle pour les salariés, mais qui est inquiète les entreprises. Pour le moment, la plupart des structures ont décidé de réduire leurs marges plutôt que d'augmenter leurs tarifs. Mais la perspective d'une spirale inflationniste prix-salaire existe plus en France qu'ailleurs.