Cinq jours après la publication de la rémunération du président du directoire du groupe automobile PSA Peugeot Citroën, le sujet n'a pas fini de faire débat. Carlos Tavares a gagné 5,24 millions d'euros en 2015, soit près de deux fois plus que l'année précédente (2,75 millions). Le conseil de surveillance du groupe a estimé que le patron "avait rempli ses objectifs 2015 à hauteur de 99% et lui a attribué une rémunération variable de 1,93 million d'euros", précisait le communiqué.
L'exécutif vote contre. Mardi, Bercy a confirmé une information des Echos, selon laquelle les deux représentants de l'Etat au conseil d'administration de PSA se sont opposés à la hausse de la rémunération du patron du groupe. L'exécutif recommande "une baisse de 30% de la rémunération du dirigeant" dans les entreprise où il dispose d'une participation minoritaire, précise le quotidien.
14.500 euros par jour. Et l'Etat n'est pas le seul à émettre des réserves. Si Carlos Tavares a bien redressé la situation économique de l'entreprise avant même le délai qu'il s'était fixé - PSA Peugeot Citroën a divisé par quatre sa perte nette en 2014 -, les syndicats dénoncent un partage inégal des fruits de ce succès. "Quand on sait que les salariés ont eu une augmentation générale de 8 euros nets par mois, que ce soit pour les ouvriers ou les techniciens, et que monsieur Tavares va tourner à environ 14.500 Euros par jour, samedi et dimanche compris, c'est un véritable scandale", a réagi le délégué syndical central CGT de PSA, Jean-Pierre Mercier, au micro d'Europe 1.
"Beaucoup de mal à la cohésion sociale". "On a produit toutes ces richesses et on n'a absolument rien en retour", a dénoncé Jean-Pierre Mercier. Même son de cloche à la CFDT, dont le secrétaire général Laurent Berger a estimé dimanche sur BFM que "ce style de salaire fait beaucoup de mal à la cohésion sociale" et que les salariés avaient aussi "grandement" contribué au redressement du groupe automobile.
Appel à la grève. Laurent Berger a appelé à "la décence", jugeant qu'une législation pour plafonner les salaires des dirigeants n'était pas forcément la bonne réponse. "Je rêverais d'un comportement individuel qui permette d'y renoncer", a-t-il dit. Jean-Pierre Mercier a, lui, estimé qu'il fallait "descendre dans la rue et faire grève, le plus nombreux possible."