Face à l'attente des 5,5 millions de fonctionnaires, le gouvernement était attendu au tournant. La ministre de la Fonction publique, Annick Girardin, a proposé jeudi matin aux organisations syndicales une hausse de 1%, en deux fois, du point d'indice des fonctionnaires. Ce dernier, qui sert à calculer les rémunérations était gelé depuis près de six ans. Une proposition qui n'a pas convaincu les syndicats, qui attendent bien plus. Face à la grogne, le gouvernement est rapidement revenu avec une nouvelle proposition : 1,2%, toujours en deux fois.
Acte 1 : une proposition à 1%. Entre des fonctionnaires qui attendent une augmentation depuis 2010 et un budget de l'Etat toujours en déficit et qu'il faut réduire, la marge de manoeuvre était très limitée pour la ministre de la Fonction publique. Annick Girardin a donc proposé jeudi matin une revalorisation du point d'indice de 1%. Une hausse en deux temps : 0,5% le 1er novembre et la même chose au 1er mars 2017.
"Ce n'est pas beaucoup", a concédé Marylise Lebranchu, qui occupait ce poste il y a quelques semaines et a géré une bonne partie de ce dossier. Et cette dernire de poursuivre, jeudi sur Europe 1 : "j'avais prévenu les organisations syndicales que ça ne serait pas beaucoup parce qu'il faut faire attention au budget de la France mais symboliquement, c'est important".
Hausse du point d'indice des fonctionnaires...par Europe1fr
Acte 2 : les syndicats disent non. Si Manuel Valls avait annoncé "un geste significatif", cette revalorisation a été jugée bien trop faible par les organisations syndicales. Et pour cause : certains syndicats dont Force Ouvrière et la CGT réclamaient un rattrapage complet depuis 2010, c'est-à-dire d'au moins 7,2%.
Autant dire que la proposition d'une hausse de 1% a été jugée "inacceptable" par les syndicats, même si le gouvernement a rappelé qu'une réforme a déjà permis d'augmenter les plus bas salaires. Sans oublier la garantie individuelle du pouvoir d'achat (GIPA), un mécanisme qui assure aux fonctionnaires n'ayant bénéficié d'aucune promotion de e pas perdre en pouvoir d'achat. En 2015, 160.000 fonctionnaires en ont bénéficié et on touché 800 euros chacun en moyenne.
Des arguments qui n'ont pas convaincu les syndicats, déjà échaudés par le projet de loi El Khomri. La CFDT a ainsi prévenu qu'elle ne se contenterait pas de "mesurettes", tandis que la CGT a estimé que "l'heure est au rapport de force" avec "un préavis de grève couvrant la période du 17 au 31 mars".
Acte 3 : le gouvernement propose 1,2%. Prenant acte de cet accueil glacial, le gouvernement est rapidement revenu avec une nouvelle proposition, présentée comme "ultime" : une hausse de 1,2% en deux fois, 0,6% en juillet 2016 et 0,6 % en février 2017. Et la ministre de la Fonction publique a prévenu, jeudi soir sur Europe 1 : c'est sa dernière proposition.
Cette nouvelle offre a été qualifiée de "mesure sérieuse mais pas suffisante" et "tardive" par la CGT. Un avis partagé par la CFDT, qui dit "voir et entendre le geste" du gouvernement mais le juge "insuffisant". Et le syndicat de demander "une négociation salariale annuelle obligatoire" afin d'éviter une nouvelle période sans discussions sur les rémunérations. Les syndicats ont indiqué qu'ils allaient maintenant consulter leurs instances et adhérents afin d'envisager la suite et une éventuelle mobilisation.
Quel impact sur les dépenses publiques ? La Cour des comptes estime qu'une hausse de 1% représente un coût de 1,85 milliard d'euros : 850 millions pour la fonction publique d'Etat, 600 millions pour la fonction publique territoriale et 400 millions pour la fonction publique hospitalière. Si on suit cette logique, cette revalorisation devrait coûter au total 2,2 milliards d'euros par an, dont 1,02 milliard à la charge de l'Etat, le reste étant à la charge des collectivités territoriales et des hôpitaux publics.
Le ministère de la Fonction publique estime de son côté l'impact financier à 2,4 milliards d'euros, dont 552 millions d'euros pour la fonction publique hospitalière et 648 millions d'euros pour la fonction publique territoriale.