La CGT du constructeur automobile Renault a dénoncé, dans un courrier adressé mi-décembre à Bercy, l'opacité qui entoure la société Renault Nissan BV (RNBV), holding néerlandaise chapeautant l'alliance du groupe français avec son homologue japonais Nissan, a confirmé le syndicat vendredi. "Nous avons écrit en date du 11 décembre au ministre des Finances Bruno Le Maire pour faire toute la lumière sur cette nébuleuse RNBV", a déclaré Fabien Gâche, délégué CGT chez Renault, confirmant des informations de franceinfo, L'Humanité et Libération.
Renault reste muet. "Si on a écrit à Bruno Le Maire, c'est parce que Renault faisait le sourd", a-t-il expliqué. En outre, "on a découvert par la presse que des responsables de Renault recevaient des rémunérations de RNBV", notamment Thierry Bolloré, actuel patron par intérim du groupe français, a poursuivi Fabien Gâche. "Nous n'avons pas reçu de réponse" à cette lettre, a ajouté le syndicaliste du groupe Renault, dont le patron Carlos Ghosn, accusé de malversations, est retenu en garde à vue au Japon depuis le 19 novembre. Toujours PDG de Renault, Carlos Ghosn a été démis de ses fonctions à la tête des constructeurs automobiles japonais Nissan et Mitsubishi.
Les administrateurs salariés de Renault "sont totalement privés d'informations relatives au fonctionnement, aux débats et décisions prises au sein de RNBV (…) structure qui chapeaute l'alliance entre les deux constructeurs, basée à Amsterdam et dont 'le fonctionnement opaque nourrit jour après jour beaucoup d'interrogations' comme le souligne la presse", écrit dans ce courrier la CGT, en se référant à des articles de L'Express et du Canard enchaîné évoquant déjà RNBV. Bercy, interrogé vendredi par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire.
Une holding pour "coordonner" l'Alliance. Selon le document de référence du groupe Renault, a indiqué Fabien Gâche, RNBV a été "créée en 2002 pour coordonner l'activité de Renault et Nissan, décider de la stratégie des deux entreprises, comme la création de plateformes communes, l'équilibre pour la fabrication de moteurs, de pièces" par exemple. "Seule la rémunération des mandataires sociaux est discutée au Comité des rémunérations, approuvée par le conseil d'administration, votée en Assemblée générale et publiée dans le document de référence", a précisé une source proche de la direction de Renault, rappelant que "la rémunération des dirigeants salariés n'est pas publiée individuellement".
Présidée par Carlos Ghosn, détenue à "50% par Renault et à 50% par Nissan, RNBV a des pouvoirs importants", or "depuis au moins 2012, il y a une absence totale d'informations émanant de RNBV pour les administrateurs salariés de Renault", a dénoncé Fabien Gâche.