Le PDG de Renault-Nissan s'affiche serein, dans le Journal du Dimanche, à l'approche de l'ouverture du salon automobile de Francfort la semaine prochaine, malgré les déboires économiques des pays émergents, dont la Chine.
Renault à l'abri des turbulences en Chine. "S'il y a un constructeur auto qui n'est pas inquiet par la situation en Chine, c'est bien nous !" assure Carlos Ghosn au JDD. "Il y a quand même un avantage en Chine : quand le gouvernement décide quelque chose, il le fait. Quand il décide de relancer l'économie, vous savez qu'il mettra le paquet pour aboutir." De toute façon, Renault n'est pas très exposé au marché chinois, contrairement aux marques allemandes : il ne vend aujourd'hui que 30.000 voitures par an en Chine, en attendant le lancement d'une usine dans ce pays en 2016.
Mais l'entreprise compte s'y développer. Bien que les analystes n'attendent qu'une croissance de un à 4% du marché automobile chinois, cette tendance ne remet pas en cause la stratégie d'implantation tous azimuts du groupe, bien au contraire, dit son PDG. "Notre stratégie est de nous positionner de manière forte et durable sur tous les marchés émergents. On sait qu'ils peuvent être volatils", explique-t-il. "Mais leur croissance à long terme est indiscutable. Il faut juste être prêt à faire face à des accélérations très fortes et des chutes brutales." "C'est justement parce que ces marchés sont volatils qu'il faut être partout. Un coup de grisou ici, vous vous récupérez ailleurs", ajoute-t-il. "En attendant, nous localisons beaucoup plus et nous prenons des mesures pour renforcer notre productivité. Car il ne fait aucun doute pour moi que le Brésil et la Russie vont repartir."
Renault présentera notamment à Francfort la nouvelle Megane, dont le lancement commercial est prévu pour 2016. "Megane et Scenic constituent notre offre sur le segment C qui reste le coeur du marché européen, même si Megane s'adresse aussi à l'international", explique Carlos Ghosn, qui entend aussi rivaliser avec ses concurrents dans le haut de gamme avec la Talisman et le Kadjar. A l'autre extrême, Renault lancera fin 2015 un véhicule "ultra low cost" en Inde, puis dans le monde entier sauf en Europe : "C'est un gros challenge commercial. Son succès en fera une voiture présente sur tous les marchés émergents."
Carlos Ghosn se montre relativement optimiste quant à une relance en Europe. "Renault doit devenir la deuxième marque européenne en repassant devant Ford, d'ici à 2016, et le faire de façon pérenne. Nous gagnons des parts de marché et ça ne va pas s'arrêter là, avec l'arrivée de Megane et le renouvellement sur le haut de gamme", explique-t-il. "Nissan, de son côté, est devenue la première marque asiatique en Europe et doit le rester", ajoute-t-il.