Ils étaient dans le viseur des agriculteurs en colère, désormais ils sont aussi dans le viseur de l’exécutif. Les distributeurs sont montrés du doigt de tous les côtés. Ils sont soupçonnés de ne pas toujours respecter la loi Egalim et de contourner le droit français dans leurs centrales à l’étranger. Cette semaine, sur l’antenne d’Europe 1 et CNews, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, promettait de les contrôler. "Je n'ai jamais eu le bras qui tremble pour protéger les plus petits producteurs", disait-il. Chose promise, chose due, le gouvernement passe à l’action.
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"Trouver un autre bouc émissaire"
Bercy s’apprête à lancer des contrôles sur toutes les plus grandes chaînes de supermarchés. Plus de 500 contrats vont être vérifiés dans le moindre détail, page par page, alinéa par alinéa, pour éplucher ces textes, 150 agents de la répression des fraudes sont sollicités. Une mobilisation renforcée à l’encontre des distributeurs qui révèle la recherche d’un nouveau coupable. "On voit bien qu’il y a ce jeu tactique pour essayer de trouver un autre bouc émissaire dans cette crise agricole", affirme Rodolphe Bonasse, expert du secteur.
"Pendant longtemps, le gouvernement, l’Europe, les accords internationaux ont été visés. Maintenant, il y a vraiment cette volonté d’essayer de dire : si aujourd’hui vous avez autant de difficultés, c’est aussi la faute des distributeurs et des industriels". Les sanctions pourront atteindre 2% du chiffre d’affaires.
Bruno Le Maire veut aussi aller regarder du côté des centrales d’achat, celles situées à l’étranger. Le gouvernement suspecte les enseignes de distribution d’utiliser les super centrales européennes pour contourner la loi française.
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Une amende 6 de millions d’euros en 2020 pour Eurelec
Les agriculteurs aussi reprochent aux distributeurs un manque de transparence sur les prix. "Ils (les agriculteurs, ndlr) négocient avec l’industriel qui lui-même renégocie avec le distributeur. Et ils voient simplement le produit final en magasin et ils ne savent pas ce qui s’est passé dans les négociations", avance de son côté Frank Rosenthal, expert en marketing du commerce. "Je pense que c’est ça une partie du problème : il y a beaucoup de choses qui leur échappent après".
Des sanctions sont déjà tombées dans le passé, comme une amende 6 de millions d’euros en 2020 pour Eurelec, la centrale d’achat de Leclerc basée à Bruxelles. L’entourage du ministre assure qu’il sanctionnera rapidement et fortement. "Ils ne comprennent que ça", s’emporte un conseiller.