"Vols moins nombreux", "avions plus petits et moins remplis"… À quoi va ressembler le futur du transport aérien après la crise du coronavirus ? Pour l'instant, l'heure est au redémarrage patient avec la réouverture de l'aéroport d'Orly, en France, et la reprise de quelques liaisons dans plusieurs continents. Pour le journaliste spécialisé Michel Polacco, qui est également pilote, "l'offre est très faible" actuellement et les niveaux de fréquentation d'avant la crise ne seront pas retrouvés avant plusieurs années, explique-t-il samedi soir sur Europe 1.
Les compagnies "vont perdre de l'argent"
L'aéroport d'Orly a rouvert vendredi, mais avec seulement 10% de son activité habituelle. "Les passagers doivent avoir le droit d'aller jusqu'aux avions et ils ne doivent pas avoir peur de le faire, tandis que la plupart des lignes internationales ne sont pas ouvertes", liste Michel Polacco pour expliquer ce très lent redémarrage. "L'aéroport de Toulouse annonce quatre vols par semaine d'EasyJet sur Orly et quatre vols par semaine d'Air France sur Roissy-Charles de Gaulle. Il n'y a pas de quoi faire des folies. En temps normal, il y a une douzaine de vols par jour vers Paris depuis Toulouse."
Selon le journaliste spécialisé, "il y a une réglementation qui se desserre, mais pas encore suffisamment desserrée" pour permettre au secteur de l'aérien de retrouver ses couleurs. "La plupart des compagnies ont besoin d'avoir 70% de remplissage et les low cost arrivent même à dépasser les 90%", poursuit-il. "Aujourd'hui, on est entre 40% et 50%. Toutes les compagnies qui rouvrent des lignes vont perdre de l'argent. Elles attendent que les passagers frappent à la porte."
La moitié de passagers en moins en 2020 ?
Michel Polacco prévoit par ailleurs une croissance plus forte au début du mois de juillet, sans parvenir à retrouver l'activité habituelle pour l'aéroport d'Orly : "On devrait avoir 125 vols par jour à mi-juillet, contre 600 en temps normal." Et ce redémarrage très lent du secteur aérien devrait largement toucher l'année 2020 dans le monde entier : "On était à 4,7 milliards de passagers prévus en 2020 contre 4,4 milliards en 2019, avec une progression de l'ordre d'environ 5%. Tout le système était en croissance. On espère transporter 2 milliards à 2,5 milliards de passagers en 2020, si ça repart."
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Mais quand le secteur de l'aérien, très critiqué pour son impact négatif sur l'environnement, va-t-il retrouver son dynamisme ? "Au début, on s'est dit qu'il fallait 10 ans pour reconstruire. Maintenant, on est beaucoup plus optimistes parce qu'on sent que les États et les actionnaires aident les compagnies", assure Michel Polacco. "Les passagers ont envie de bouger et on se dit que dans deux ou trois ans, on sera revenus à quelque chose d'à peu près supportable."