Thierry Breton, ancien ministre de l'Economie et PDG d'Atos qui emploie 100.000 salariés dans le monde, s'est dit très inquiet, jeudi sur Europe 1, des conséquences économiques du retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien.
Peu de surprise mais beaucoup d'inquiétude. Jeudi, au micro de Maxime Switek sur Europe 1, l'ancien ministre de l'Economie et PDG de l'entreprise Atos, a décrypté les conséquences de l'annonce faite mardi par Donald Trump de sortir de l'accord sur le nucléaire iranien. "Ce qui se passe est grave. C'est sans doute la décision la plus grave prise par le président des Etats-Unis depuis qu'il est en fonction", estime le chef d'entreprise. "C'est grave, car c'est rompre un accord international même si tout le monde s'attendait à ce que cette décision soit prise", rappelle Thierry Breton. Surtout, selon lui "cela va avoir des conséquences profondes pour la stabilité géopolitique dans la région du Moyen Orient et pour les entreprises mondiales qui avaient suivi cet accord et qui étaient allées investir en Iran."
Exposées à de lourdes amendes. Car la justice américaine considère qu'elle a le droit de sanctionner n'importe quelle entreprise dans le monde qui ne respecterait pas la loi américaine, selon le principe d'extraterritorialité. La banque BNP Paribas en sait quelque chose. Il y a quelques années, elle avait dû payer 9 milliards de dollars d'amende pour ne pas avoir respecté l'embargo américain et avoir fait des affaires en dollars, notamment en Iran. "Les sanctions concernent toutes les entreprises qui vont utiliser le dollar", précise l'ancien ministre. "Le paradoxe tragique de cette affaire c'est que les États-Unis et Barack Obama avaient imposé dans l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien que les transactions se fassent en dollar. Et désormais de par ce principe d'extraterritorialité, on est rattrapé par la suprématie du dollars", regrette-t-il.
Que peut faire Paris ? Paris prévoit des discussions "dures" avec Washington pour que leurs entreprises échappent aux sanctions que les États-Unis rétabliront dans quelques semaines ou mois. Mercredi, Emmanuel Macron a affirmé que sur le plan commercial, l'Europe devait se faire respecter. Mais pour l'heure, il n'a pas pas détaillé son plan d'attaque. "Ça va être la question des prochains jours. La position française ne peut être qu'une position coordonnée au niveau européen. Mais est-ce que cela va suffire ?", se demande Thierry Breton. "Pour sortir de ces sanctions, il faudrait modifier l'accord et faire en sorte qu'il ne soit plus stipulé en dollars mais en euros. Cela risque de prendre du temps".