Quelque 15.000 personnes, selon les organisateurs, ont défilé samedi dans Paris contre la réforme des retraites voulue par le gouvernement, à l'appel du seul syndicat Force Ouvrière, avant un autre défilé organisé par la CGT mardi. Les manifestants, venus de toute la France par autocars - et pour la plupart vêtus de chasubles rouges et brandissant des drapeaux aux couleurs de FO - marchaient derrière une banderole proclamant "En FOrce pour nos retraites".
"Est-ce qu'on va finir notre carrière en déambulateur ?"
Le cortège, parti sous un beau soleil de la station de métro Duroc a rallié sans incident la place Denfert-Rochereau, en passant par Montparnasse. Sur les banderoles, on pouvait lire: "Retraite universelle de Macron, c'est non!", "Non à la retraite par points, non au travail sans fin", ou encore "Maintien des 42 régimes existants, retrait du projet Macron-Delevoye". "Je suis inquiet pour ma retraite, comme tout le monde mais aussi de plus en plus pour la retraite des jeunes qui vont rentrer dans un système comme ça", déclare Jean-Marie, un postier de 53 ans venu des Deux-Sèvres, et qui s'alarme de devoir travailler "au-delà de 62 ans".
"Est-ce qu'on va finir notre carrière en déambulateur ?", ironise de son côté Maryline, 39 ans, caissière dans un hypermarché de Chalon-sur-Saône, qui a commencé à travailler à 17 ans. Pour le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, l'enjeu est de "sauver nos retraites, celles de nos anciens, celles des actifs d'aujourd'hui, celles de nos enfants demain", a-t-il dit en s'adressant aux manifestants à l'issue du défilé.
Commentant la volonté du gouvernement de parvenir à un système de retraite "universel", il a estimé que "ce n'est pas en opposant les droits des uns aux autres, en imposant des reculs de droits aux uns que l'on améliore la situation des autres". Le système actuel, avec ses 42 régimes différents, donne globalement satisfaction, a-t-il observé. "Oui, on peut (et) on doit l'améliorer. Mais nous refusons d'aller vers un régime unique par points qui sera sous la coupe des gouvernements".
"Nous aurons besoin de réunir une unité d'action syndicale"
La direction de FO n'a "pas prévu" de se joindre à la manifestation de la CGT mardi sur le même sujet, mais "nous sommes en contact" avec la centrale de Philippe Martinez, a encore souligné Yves Veyrier. "Nous aurons besoin de réunir une unité d'action syndicale si nous voulons gagner, nous le savons, et c'est dans ce sens-là que nous travaillons aujourd'hui". Aux cris de "Grève générale" scandés par les manifestants à la fin de son discours, Yves Veyrier a rappelé que "s'il faut aller à la grève, nous sommes prêts!"
La réforme du système de retraite prévoit la disparition de tous les régimes spéciaux dont bénéficient certains fonctionnaires, les employés de plusieurs grandes entreprises publiques et une poignée d'autres professions, et leur remplacement par un système universel de retraite par points. Cette mobilisation survient après celle des agents de la RATP, des avocats, des médecins et des pilotes qui ont manifesté ces derniers jours contre la fin des régimes spéciaux. En avril, Force Ouvrière s'était retirée de la concertation sur les retraites pilotée par le haut commissaire Jean-Paul Delevoye, pour ne pas donner le sentiment de "cautionner" la future réforme.