La direction de l'équipementier automobile allemand Bosch a annoncé la suspension d'un projet industriel important à Rodez, en Aveyron, relançant les inquiétudes quant à l'avenir de ce site où un plan de suppressions de postes est en cours. Au cours d'une réunion à Stuttgart, en Allemagne, mercredi, l'équipementier a annoncé la suspension de son projet "Fresh2", concernant des remorques frigorifiques à hydrogène, faute de débouchés immédiats dans l'industrie.
Le secteur du transport commence seulement à passer à l'hydrogène et "le groupe n'a pas suffisamment de visibilité sur le développement du marché" des remorques avec cette même technologie, a indiqué à l'AFP une porte-parole de Bosch en France. Le projet est donc mis au frais pour "plusieurs années".
Décision "inacceptable"
Bosch avait annoncé fin 2021 la suppression de 750 postes sur 1.250 à Rodez. Le site, qui produit notamment des injecteurs pour moteur diesel, souffre du recul des ventes de ces motorisations. Le projet Fresh2 devait représenter la moitié de l'effectif restant, soit environ 250 salariés. Une vingtaine de personnes travaillaient déjà sur le projet à Rodez, ainsi qu'une vingtaine dans le centre de recherches de Vénissieux, près de Lyon.
Les syndicats SUD et CFE-CGC ont "regretté fortement cette décision qui est un mauvais message pour l'avenir du site de Rodez et de ses emplois associés au-delà de 2028", ont-ils indiqué jeudi dans un communiqué. Bosch s'était engagé à ce que la baisse des effectifs soit progressive, par le biais de retraites anticipées et de départs volontaires, et qu'il n'y ait aucun départ contraint avant fin 2028. Les syndicats ont indiqué qu'ils allaient "analyser la situation pour tout mettre en œuvre afin de contraindre le groupe à respecter cet accord".
Dans un communiqué commun, le président du département de l'Aveyron, Arnaud Viala, celui de Rodez-agglomération, Christian Teyssedre et le maire d'Onet-le-Château, Jean-Philippe Keroslian, commune où se trouve l'usine Bosch, ont qualifié d'"inacceptable" la décision de l'équipementier. "Au-delà de l'engagement stratégique trahi, c'est la convention avec l'État français qui est totalement rompue", affirment les élus locaux.
Bosch s'engage à trouver "une solution alternative d'ici la fin de l'année"
"Aux termes de cette convention, à horizon 2028, 250 salariés devaient se voir proposer des fonctions nouvelles (...). Ce sera finalement zéro, alors même que notre nation a soutenu financièrement à hauteur de plusieurs millions d'euros le plan proposé par Bosch", font-ils valoir. "Nous sommes en train d'expertiser toutes les voies d'action que nous pouvons enclencher pour défendre l'usine" et les emplois, poursuivent-ils avant de demander une intervention du ministre de l'Économie Bruno Le Maire et une réunion sous son égide "dans les meilleurs délais".
La présidente PS du conseil régional d'Occitanie Carole Delga a de son côté affirmé, dans un autre communiqué, partager "l'inquiétude des salariés et le sentiment d'incertitude quant à leur avenir". "Cette décision est un mauvais signal de la part de la direction de Bosch", a-t-elle dit, ajoutant : "Aujourd'hui, pour l'avenir du site il faut agir et s'engager !".
Bosch a affirmé jeudi que son engagement en matière d'emploi serait tenu "jusqu'à la fin de l'accord" et qu'il s'engageait à trouver "une solution alternative d'ici la fin de l'année" pour Rodez comme pour Vénissieux. Des productions "tampons", comme des buses ou des bougies pour moteurs, sont envisagées d'ici là. Le groupe a également indiqué que la production de nouveaux composants, externalisés jusqu'ici, occupait désormais 80 salariés à Rodez, après un investissement de 11 millions d'euros.