Le directeur général de Ryanair, Michael O'Leary, a écrit aux plus de 4.000 pilotes de la compagnie aérienne pour leur proposer des hausses de paie, afin de les dissuader de partir pour la concurrence en pleine crise des annulations de vols.
Dans cette lettre publiée jeudi soir par le journal irlandais en ligne independent.ie, Michael O'Leary utilise un ton contrit inhabituel pour s'excuser platement auprès des pilotes pour la mauvaise gestion de leur planning de vacances, qui a conduit la compagnie irlandaise à bas coût à annuler quelque 20.000 vols prévus entre septembre et mars. Plutôt coutumier de l'humour froid et de la controverse, le patron de Ryanair assure cette fois solennellement les pilotes de "son plus grand respect (...) pour leur capacité de travail, leur compétence et leur professionnalisme".
Pas d'hémorragie des pilotes chez Ryanair, assure O'Leary. Ryanair dément depuis des semaines toute hémorragie de ses pilotes tentés d'aller voler sous d'autres cieux, mais Michael O'Leary prie toutefois dans son courrier "de rester chez Ryanair" les pilotes qui pourraient être tentés "de rejoindre des compagnies moins sûres financièrement et en difficulté face au Brexit". Il cite nommément deux autres compagnies à bas coûts, Norwegian et Jet2. Ryanair a perdu une centaine de pilotes cette année, partis chez Norwegian, mais a embauché aussi par ailleurs plus d'une centaine de pilotes.
Une prime exceptionnelle de 12.000 euros pour les commandants de bord. Michael O'Leary détaille en outre un certain nombre "d'améliorations importantes pour les plannings, les paies, la localisation, les contrats et la progression de carrière" des pilotes. Il répète sa proposition de prime exceptionnelle de 12.000 euros pour les commandants de bord et 6.000 euros pour les copilotes, déjà citée dans un mémo interne, pour les pilotes s'engageant à rester jusqu'à octobre 2018. Il y ajoute une augmentation de paie de plusieurs milliers d'euros annuels pour les pilotes sur un certain nombre de bases aéroportuaires, ainsi que des propositions pour améliorer les conditions de travail.
Les syndicats restent prudents. Chez Ryanair, les négociations salariales se font au sein de "Comités représentatifs des employés", attachés à chaque aéroport où sont stationnés les avions de la compagnie. Celle ci ne reconnaît aucun syndicat comme interlocuteur. Michael O'Leary prévient à ce sujet qu'il compte bien continuer de négocier exclusivement via ces instances ad-hoc. Interrogé par l'AFP sur ces propositions, le syndicat des pilotes irlandais Ialpa s'est montré prudent. "Nos membres ont l'habitude des promesses de Ryanair, nous devons donc étudier en détail chaque point avant de répondre", a expliqué un de ses responsables. Contactée par l'AFP, Ryanair n'a donné aucune suite dans l'immédiat.