Pour la neuvième journée consécutive, les transports publics seront fortement perturbés à travers la France, et notamment dans la capitale. Alors que la grève contre la réforme des retraites ne présente pas de signe d’essoufflement, dans les commerces parisiens, la fatigue se fait sentir chez les salariés, malgré les aménagements mis en place par des patrons inquiets pour leur chiffre d'affaires.
Dans son salon de coiffure parisien, Fennen Sarfati et ses 30 salariés enchaînent brushings et manucures. Mais, à l'instar de Bassel, qui a 3 heures et demi de voiture matin et soir pour venir travailler, les trajets finissent par fatiguer les équipes. "Je suis épuisé, j'ai mal au dos", confie-t-il au micro d'Europe 1, "mais il faut que je souris pour les clients, c'est notre métier".
Des horaires aménagés
Rien ne parait non plus sur le visage de Sabine, qui raconte cependant la boule au ventre qui ne la quitte jamais quand elle tente désespérément de rentrer s'occuper de sa fille de 5 ans. "Je suis stressée de peur d'arriver en retard pour la nourrice et de payer des suppléments", explique cette mère de famille, au moral "dans les chaussettes". "Chaque minute coûte des sous", témoigne-t-elle encore.
Consciente de ses difficultés pour ses salariés, Fennen laisse ses équipes arriver plus tard et partir plus tôt. Mais cette nouvelle organisation demeure un casse-tête. "Je charge un peu plus certains qui habitent moins loin et ont moins de difficultés mais c'est au détriment de leur fatigue", regrette-t-elle. "À force d'être chargés de travail, ils vont aussi être exténués".
"Je n'ai plus la même productivité"
Dans le pressing de Roland Nebot, la moitié des machines à laver et des sèches linges sont à l'arrêt, et les tables de repassage demeurent désespérément vides. En une semaine, le nombre de clients a été divisé quasiment par 10. "Je n'ai plus la même productivité", confirme à Europe 1 Mani, la responsable du magasin. "Par rapport aux vêtements que je réceptionne, que je dois nettoyer et repasser, avant j'avais une cadence de vingt par heures, contre 5 aujourd'hui".
Mettant trois heures pour arriver au travail et trois heures pour rentrer chez elle, soit le double par rapport à d'habitude, Mani est épuisée. Face à cette situation, le gérant du pressing Roland Nebot a dû lui aussi adapter les horaires de sa boutique. "Normalement, les horaires sont de 8 à 19 heures. Aujourd'hui, les gens arrivent quand ils peuvent : 9h, 9h30 voire 10 heures le matin. Et le soir, on est obligé de fermer plus tôt", détaille-t-il.
Des horaires aménagés qui ne sont cependant guère adaptés aux habitudes de sa clientèle. "Dans le pressing, les gens déposent le matin avant de partir travailler et rentrent le soir après le travail pour récupérer leurs vêtements. Mais souvent, ce n'est pas possible, donc forcément, cela a une répercussion sur le chiffre d'affaires", raconte Roland Nebot. Ainsi, le chiffre d'affaires serait deux fois moins élevé qu'en temps normal, selon le gérant, qui prévoit donc de multiplier les offres professionnelles à l'avenir pour attirer de nouveaux clients.