Washington maintient la pression sur l'économie européenne : les États-Unis ont annoncé jeudi qu'ils prolongeaient leurs taxes douanières sur les importations de l'UE. Cette décision est le dernier épisode d'une dispute qui oppose les deux puissances sur un différend commercial datant d'octobre 2004, à propos des aides publiques aux avionneurs européen Airbus et américain Boeing. Seize ans plus tard, la filière viticole française paie, seule, une addition très salée. C'est ce qu'explique Bernard Farges, président de la Confédération nationale des AOC viticoles, sur Europe 1.
Baisse des exportations de plus de 15%
Concrètement, Washington a maintenu à 7,5 milliards de dollars le montant des biens et services concernés, avec un taux inchangé de 25% pour des vins français, allemands, espagnols et des whiskies britanniques. "Nous ne devrions pas être les victimes collatérales du sujet Boeing-Airbus", regrette Bernard Farges. "Cela dure maintenant depuis le 18 octobre 2019", date de l'application de ces taxes américaines sur les bouteilles françaises.
Dix mois après l'entrée en vigueur de ces sanctions, la filière française fait grise mine. "Nous avons maintenant des chiffres très mauvais pour les États-Unis, de l'ordre de -15 à -20% selon les régions viticoles françaises", affirme le responsable. "Le marché américain était un marché important pour les vins français", constate le dirigeant, alors que les États-Unis représentent 18% de la valeur des exportateurs de vin français, selon les derniers chiffres disponibles.
Une "double peine" à l'heure de la relance
Surtout, les producteurs de vin font face à "un contexte international difficile, avec le ralentissement de la Chine et bien sûr le Covid-19, qui a ralenti la consommation de vin partout dans le monde", poursuit Bernard Farges.
Le président de la Confédération nationale des AOC viticoles pointe l'inaction des pouvoirs publics dans le sauvetage de la filière : "Le président de la République, Emmanuel Macron, nous a dit directement lors du Salon de l'Agriculture qu'il s'occupait de ce sujet avec la Commission européenne. Mais pour l'instant, nous n'avons absolument rien vu. Dans les sujets de relance post-Covid, il n'y a rien qui vient compenser la perte de commercialisation vers les États-Unis. C'est la double pleine", critique-t-il.