Quinze TGV à étage, qui s'ajoutent aux six destinés à la ligne Lyon-Turin, plus vingt locomotives dépanneuses : le gouvernement a dégainé mardi toute une série de commandes pour sauver l’usine d’Alstom à Belfort et ses 400 salariés menacés. "Le site d'Alstom de Belfort est sauvé !", s'est même réjoui le Premier ministre, Manuel Valls, sur son compte Twitter.
Mais la droite et le Front national ont tour à tour dénoncé un "bricolage", un "rafistolage" ou encore le "bidouillage" de l'État, terme employé par Marine Le Pen. À gauche, Benoît Hamon a lui aussi parlé d'un "bricolage industriel". "Nous avons assumé nos responsabilités comme État-actionnaire", a tenu à leur répondre Manuel Valls, mardi, à l'Assemblée nationale. Mais à sept mois de la présidentielle, s'agit-il vraiment d'une solution pérenne ?
Arnaud Aymé, économiste des transports : "ce n’est pas comme ça qu’on va résoudre le problème du ferroviaire en France"
"Je pense que ça relève effectivement du bricolage. Mais l’absence de stratégie sur le secteur ferroviaire en France, hélas, ne date pas du précédent gouvernement. Ce n’est pas en tordant le bras aux opérateurs ferroviaires, en les forçant à acheter des rames dont ils n’ont pas besoin avec de l’argent qu’ils n’ont pas, qu’on va résoudre le problème du ferroviaire en France.
L’État va acheter quinze rames de TGV pour les faire rouler sur des lignes qui ne sont pas des lignes à grande vitesse. Cela montre l’absurdité du sujet. On achète des rames qui coûtent très cher pour les faire rouler à petite vitesse, dans la perspective d’alimenter le développement du TGV en France, qui n’est que supposé pour l’instant. Aujourd’hui, il n’y a pas besoin de nouvelles rames TGV."
Patrick de Cara, délégué syndical CFDT Alstom à Saint-Ouen : "une très bonne nouvelle pour la filière ferroviaire"
"Ce n’est pas du tout du bricolage. Le plan qui a été présenté mardi matin est une très bonne nouvelle pour Alstom, pour Belfort et pour la filiale ferroviaire. Avec ce plan, nous allons pouvoir attendre sereinement l’arrivée du TGV du futur prévue en 2020. De ce fait, nous donnons aujourd’hui une pérennité à moyen terme au site de Belfort, et c’est ce que la CFDT voulait.
Le risque initial, c’était de voir disparaître une compétence humaine et une expertise et ça, il en était hors de question. Il y a des fois où il faut faire des concessions. Nous, à la CFDT, nous sommes persuadés qu’en 2020, avec l’arrivée du TGV du futur, la filière ferroviaire va repartir de plus belle. Le jeu en vaut la chandelle. Mais il va encore falloir se battre pour avoir le marché de production. Rien n’est gagné."