Ségolène Royal veut sauver les abeilles. La ministre de l'Ecologie a présenté mercredi en conseil des ministres un "plan national d'action" en faveur de la sauvegarde des pollinisateurs sauvages. Un plan encore timide, selon certains, mais qui signe le réveil du gouvernement face à un problème majeur, et qui fait peser une menace sur toute la biodiversité française.
En quoi consiste ce plan ? Le plan "France, terre de pollinisateurs" prévoit notamment de faire pression sur Bruxelles pour reconduire le moratoire européen sur les néonicotinoïdes, des insecticides agissant sur le système nerveux des insectes. Celui-ci s'arrête fin 2015, et le gouvernement français va officiellement en demander la reconduction. La France veut également "étendre" ce moratoire au hiaclopride et à l’acétamipride, deux molécules également jugées dangereuses et exclues pour l'heure du moratoire.
Le plan prévoit notamment de généraliser une expérimentation menée pendant trois ans sur certaines bordures de route. Une méthode de fauchage tardif et de jachères fleuries y ont été mises en œuvre, ce qui a abouti à une augmentation de 30% de la diversité des insectes pollinisateurs. L'exécutif veut étendre cette expérimentation à 12.000 kilomètres du réseau routier national. Enfin, le plan prévoit que plusieurs centaines de ruches municipales pédagogiques soient mises en place.
Des paroles aux actes. Depuis son entrée en fonctions en avril 2014, Ségolène Royal s'est régulièrement exprimée en faveur de la sauvegarde des abeilles. "Les Français ont envie de revoir des papillons et des abeilles", avait-elle encore déclaré en avril dernier sur i-Télé. La ministre a même lancé un appel à projets pour la réalisation d’une œuvre d’art sur le thème de l’abeille, afin de l'exposer à la futur Exposition universelle de Milan.
Ségolène Royal invite à créer une œuvre d’art sur le thème de l’abeille pour l’Exposition Universelle de Milan. pic.twitter.com/pVdRhXQ9yJ
— The Glam Attitude (@TheGlamAttitude) 17 Avril 2015
Mais Ségolène Royal a aussi régulièrement été critiquée pour son immobilisme en la matière. Le gouvernement "ignore les abeilles", dénonçait par exemple Mediapart en février dernier. La ministre s'était même opposée, en mars dernier, à un amendement à la loi biodiversité interdisant les néonicotinoïdes. Selon elle, l'action sera européenne ou ne sera pas. "Le cadre européen ne permet pas une interdiction stricte", justifiait-elle alors.
Un plan pas assez ambitieux ? S'il montre avec ce nouveau plan qu'il se saisit de la question, le gouvernement n'a pas encore levé toutes les critiques en la matière. L'ancienne ministre de l'Ecologie Delphine Batho a par exemple déploré mercredi que le gouvernement n'ait pas décidé un moratoire français sur les néonicotinoïdes, l'insecticide pointé du doigt.
"Au lieu de décréter un moratoire, le gouvernement propose 'la valorisation de projets territoriaux'. Il y aura deux catégories de territoires : l'immense majorité de ceux où ces substances dangereuses pour les abeilles et la biodiversité continueront d'être utilisées, et quelques expériences locales où il en sera différemment", a déploré la députée PS des Deux-Sèvres.
Un enjeu crucial. La pollinisation par les abeilles et autres insectes est indispensable à la survie de la majorité des plantes à fleurs. Au-delà de la biodiversité sauvage, le déclin des abeilles risque de menacer toute l'agriculture française. Selon Greenpeace, un tiers des récoltes disparaîtraient sans insectes pollinisateurs sauvages. Or, s'il n'existe aucune instance pour mesurer leur déclin, certains signes sont inquiétants : comme le souligne Le Mondepar exemple, la production de miel en France a été divisée par trois en 20 ans.