Packagings adaptés, nouveaux services... Qu'est-ce que la «silver économie», dédiée aux seniors ?

Aujourd'hui, en Europe, il y a plus de 20% de la population qui a plus de 65 ans. © TREVOR ADELINE / CAIA IMAGE / CAIA I / NEW / SCIENCE PHOTO LIBRARY VIA AFP
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Alexandre Dalifard , modifié à

Alors que la France est en plein débat sur la réforme des retraites, une notion fait de plus en plus parler d'elle, la silver économie. Apparue au début des années 2000, celle-ci désigne l'ensemble des marchés, activités et enjeux économiques liés aux personnes âgées. Aussi appelée économie des seniors, elle représente une importante manne financière.

Ces dernières semaines, la France est touchée par un débat public qui divise la population : la réforme des retraites . Alors que ce sujet est au cœur des discussions des Français, une notion prend une place de plus en plus importante dans le secteur économique : la silver économie ou l'économie des seniors. Cela comprend tous les biens et les services créés autour des besoins des seniors. Aujourd'hui, plus de 50% de la consommation est faite par les plus de 50 ans. Si cette économie se montre plus attirante pour les entreprises et les annonceurs, cela s'explique par le vieillissement de la population. Globalement, en Europe, en 1950, il y avait 8% de la population qui avait plus de 65 ans. Aujourd'hui, il y en a plus de 20% et demain cela dépassera les 30%. Invité dans Bienfait pour vous , Serge Guérin, sociologue expert des enjeux du vieillissement et co-auteur de "La Silver Économie pour les nuls", présente cette économie aux intérêts financiers.

"Élargir sans le dire"

"Quel que soit le produit, il devrait améliorer notre vie. Dans la vie quotidienne, avoir une bouteille qui peut s'ouvrir plus facilement fait partie de la silver économie. Même si finalement ça intéresse plein d'autres personnes, car ça prend moins de temps et que ça peut être adapté aux handicapés, cela reste du confort d'usage et ça permet d'être plus autonome, plus longtemps", détaille le sociologue au micro de Julia Vignali et Mélanie Gomez. "Il y a un deuxième aspect qui lui concerne des produits plus spécifiques destinés aux plus âgés. Pour le coup, on est plutôt dans le grand âge, dans les services à la personnes ou dans les maisons de retraite médicalisées", ajoute Serge Guérin.

La sivler économie se montre très attractive aujourd'hui et notamment auprès des annonceurs qui se rendent compte de la manne financière qu'elle représente. "Dans le débat sur les retraites, finalement, ceux dont on ne parle pas, ce sont les retraités. On parlera d'eux en disant les inactifs. Le terme est assez violent", déplore le sociologue. Et pourtant, ces retraités consacrent 23 millions d'heures par semaine à leurs petits enfants. De même pour les associations où les bénévoles sont très souvent des seniors. Même situation au niveau des petites communes où 33% des maires sont à la retraite.

Concrètement, lorsqu'une marque de la grande distribution modifie l'emballage ou le marketing d'un produit pour le rendre plus attractif auprès des seniors, cela fait partie de la silver économie, même si le produit à l'origine ne leur est pas destiné. "Il y a de plus en plus de gens qui prennent de l'âge. Ce serait quand même idiot de passer à côté. Du coup on va améliorer un peu le packaging pour le rendre un peu plus visible, et finalement, ça va aussi intéresser les jeunes. Si je le vois mieux, ce n'est pas plus mal. Donc en fin de compte, c'est élargir sans le dire", explique Serge Guérin.

Les services se diversifient pour les personnes âgées

Si les marques semblent attirées par cette silver économie, les banques et le secteur immobilier le sont aussi. Avant, à partir d'un certain âge, il n'était plus possible d'emprunter. Les banques étaient apeurées par l'âge et faisaient très attention à qui elles délivraient un prêt bancaire. Mais l'espérance de vie observée ces dernières décennies est passée par là. "Quand vous avez 50 ans, il reste quasiment la moitié de la vie à vivre. Autour de cet âge, les personnes ont peut être de nouveaux projets. Certaines envisagent de quitter leur logement pour un nouvel endroit. Et tout cela engendre donc des emprunts", reconnait le sociologue.

De même pour l'immobilier, les services et offres sont de plus en plus nombreuses et se diversifient. Plusieurs options apparaissent comme les résidences services, les habitats intergénérationnels ou même les colocations de seniors comme le béguinage. "Généralement, on veut rester chez soi jusqu'au bout mais quand on ne va pas bien, ça peut être les maisons de retraite médicalisées. Cependant, entre les deux, il existe plusieurs solutions. Le béguinage, ça reprend une vieille habitude des bonnes sœurs qui consistait à vivre entre elles avec des petites maisons proches", précise l'expert. "À coté, il peut y avoir des services. S'il y a une auxiliaire de vie, plutôt qu'elle prenne sa voiture et se déplace, elle pourra voir ses patients directement. Et puis, il y a une famille par exemple qui peut rester la nuit. Du coup, si j'ai une inquiétude, j'ai aussi quelqu'un qui peut venir", conclut Serge Guérin. Un service pratique et moins cher pour tout le monde.