La direction et les deux principaux syndicats de l'opérateur de télécoms SFR sont parvenus à un accord jeudi en vue de supprimer de 5.000 emplois, soit un tiers des effectifs, à travers un plan de départs volontaires, deux ans après le rachat de l'opérateur par Numericable (Altice).
"On est en sureffectif". L'homme d'affaires Patrick Drahi, principal actionnaire d'Altice, la maison-mère de SFR, n'a jamais caché sa volonté de réduire les effectifs, gelés à 15.000 postes lors du rachat en 2014. "On a donné une garantie sur l'emploi de trois ans donc il reste encore un an. Aujourd'hui on est dans une situation où les gens savent que la garantie s'arrête dans un an (...). Ils savent qu'on est en sureffectif", avait-il déclaré à des journalistes à New York fin juin.
Accord validé malgré le refus de la CGT. Initiées sur la question de la branche distribution du groupe, les discussions entre direction et syndicats se sont étendues à l'ensemble de l'opérateur et ont abouti à la signature d'un accord par les deux premiers syndicats de SFR, la CFDT et l'Unsa. Le feu vert de ces syndicats, majoritaires à eux deux, suffit à valider l'accord qui avait été soumis aux organisations syndicales dans la foulée de leur rencontre avec la ministre du Travail Myriam El Khomri, mardi. La CGT a annoncé qu'elle ne le parapherait pas.
Coût : entre 600 et 800 millions d'euros. Selon le quotidien Les Echos, cette restructuration pourrait coûter entre 600 et 800 millions d'euros à l'opérateur, étalés sur deux ans, mais lui permettraient de réaliser 400 millions d'euros d'économies par an. Dans un courriel adressé à l'ensemble des salariés, le directeur général du groupe, Michel Paulin, s'est félicité de la signature de l'accord "avec des organisations syndicales représentatives du pôle télécom". L'Unsa a confirmé sa signature dans un message à l'AFP. Dans un communiqué, la CFDT a précisé signer "aujourd'hui l'accord constitutif d'un 'new deal' pour le pôle télécom de SFR Group", qui "ne cautionne ni le volume, ni les choix de suppressions de postes qui seront faits".
"Cela nous paraît aberrant de supprimer un tiers des effectifs", a déclaré Isabelle Lejeune-Tô, de la CFDT. Mais en acceptant de discuter, le syndicat a voulu encadrer les conditions d'accompagnement des départs et permettre aux salariés d'avoir une "meilleure visibilité" sur les emplois concernés.
Le plan de SFR. Selon la CFDT et l'Unsa, le plan de réduction des effectifs va se dérouler en deux phases : la restructuration de la distribution d'ici à fin 2016 devrait concerner un millier d'emplois, et une deuxième phase de juillet 2017 à la fin juin 2019 devrait entraîner 4.000 départs supplémentaires, sans licenciement. Le groupe doit présenter à la rentrée de septembre ses "orientations stratégiques", ce qui permettra de connaître les métiers concernés par ces départs, selon Isabelle Lejeune-Tô. Les départs se feront aux conditions d'indemnités et d'accompagnement d'un précédent plan datant de 2013.
"Face à une cible initialement affichée de 9.000 salariés restant à terme, nous avons obtenu que le pôle Télécom SFR compte a minima 10.000 salariés jusqu'à mi-2019", a souligné la CFDT. Cet accord doit permettre "au pôle télécom de SFR de se doter rapidement d'une organisation plus agile, plus compétitive, plus efficace et plus moderne, comme l'ont déjà fait nos concurrents", a expliqué Michel Paulin dans son courriel. La restructuration de l'opérateur intervient dans un contexte de diminution des effectifs du secteur depuis plusieurs années.
Le numéro un Orange, qui compte encore près de 97.000 salariés en France, ne remplace plus systématiquement les départs à la retraite. Le troisième opérateur, Bouygues Telecom, avait dû se résoudre en 2014, dans la foulée du rachat avorté de SFR, à une profonde restructuration qui s'est soldée par la suppression de plus de 1.400 postes (plus de 15% des 9.000 salariés). L'annonce du plan de départs volontaires intervient quatre jours avant la publication des résultats semestriels de SFR, mardi prochain, alors que l'opérateur a connu un début d'année difficile, marqué par une baisse de 6,1% du chiffre d'affaires à 2,57 milliards d'euros, et une perte nette de 41 millions d'euros