Showroomprivé fait son show vendredi. Le site français de vente en ligne de produits issus de stocks entre en bourse. Et pour l'occasion, même le ministre de l'Economie Emmanuel Macron fait le déplacement jusqu'à la place financière parisienne. Lundi dernier, c'est François Hollande en personne qui en rencontrait les dirigeants. Après le décevant report, mardi, de l'entrée en Bourse d'un autre frenchie du numérique, Deezer, il fallait bien ça pour saluer ce succès à la française.
Le groupe devrait vendre ses actions entre 19,50 et 21,50 euros. "Notre capitalisation boursière pourrait être comprise entre 660 et 870 millions d'euros", espérait la semaine dernière le directeur financier du groupe, Nicolas Woussen. Assiste-t-on à la naissance d'un géant tricolore ? Pour l'heure, Showroomprivé reste dans l'ombre de son meilleur ennemi, son homologue Français Vente-privée.com, leader européen et dans huit pays, dont la France. Décryptage.
Les investisseurs sont déjà séduits. Contrairement à Deezer, si Showroomprivé a décidé de se lancer, c'est qu'il a déjà trouvé du répondant côté investisseurs. Le Chinois Vipshop Holding s'est d'ores et déjà engagé à acquérir, au prix de l'offre, 30 millions d'euros d'actions existantes. "Il détiendra ainsi entre 2 et 4% du capital" de Showroomprivé, selon le Français. "Par cet investissement, c'est un des leaders mondiaux de notre secteur qui nous témoigne de sa confiance dans notre modèle, notre stratégie et notre succès futur", ont commenté les dirigeants du site. Fin mai, des investisseurs du Moyen-Orient avaient déjà acquis 10% du capital du groupe français pour 60 millions d'euros.
Créé en 2006, Showroomprivé est présent dans huit pays d'Europe et compte 20 millions de "membres", c'est-à-dire d'abonnés gratuits qui passent par le site pour se vêtir, se fournir en cosmétique ou en meuble. En 2014, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 350 millions d'euros. Et pour 2015, le site ambitionne un chiffre d'affaires (CA) de 435 à 450 millions d'euros, pour une marge comprise entre 5,1 et 5,3%, soit 22 millions d'euros.
Venteprivée.com est toujours devant. Mais Showroomprivé reste, pour l'heure, derrière son principal concurrent : l'autre français Vente-privée.com, leader européen. Ce dernier jouit d'un chiffre d'affaires qui avoisine les deux milliards d'euros, soit plus du double du nouvel entrant en bourse. Si Vente-privée.com n'a pas eu le droit, lui, à une entrée en fanfare sur la place financière parisienne avec un ministre en guest star… c'est qu'il n'est tout simplement pas entré en Bourse. Soucieux de préserver son indépendance, son PDG et actionnaire majoritaire, Jacques-Antoine Granjon, préfère trouver ses financements lui-même.
Grâce à son entrée en bourse, Showroomprivé, deuxième européen du secteur, espère bien grossir et damer le pion à son frère ennemi, notamment à l'international. Cette introduction en Bourse est "une étape supplémentaire dans notre développement qui permettra d'accroître notre visibilité, notamment à l'international, et de disposer d'armes supplémentaires pour continuer à grandir", dixit Thierry Petit, l'un des deux dirigeants-fondateurs de Showroomprivé.com. Ce dernier table sur un CA de 750 millions d'euros d'ici 2018. Et veut passer de 15% du chiffre d'affaires provenant de l'international à 25% d'ici 2018.