Le mariage de raison entre Alstom et la division transport du géant allemand Siemens bouscule l’industrie française. Plutôt qu’une défaite pour Alstom, le PDG Henri Poupart-Lafarge - qui restera à la tête de la future entité -, veut y voir une chance unique. "Nous n’avions pas besoin d’un partenaire. En revanche, le rapprochement avec Siemens est une opportunité formidable de créer un groupe puissant, un leader mondial", estime-t-il dans une interview accordée à Europe 1 et franceinfo.
"Une occasion à ne pas laisser passer". A ceux qui affirment que cette fusion était nécessaire pour résister à la concurrence du chinois CRRC, Henri Poupart-Lafarge répond qu’Alstom "aurait pu continuer seule". "Mais cette opération nous permet de passer dans une catégorie supérieure, d’accélérer très fortement la globalisation du groupe et son ancrage dans le digital. C’était une occasion à ne pas laisser passer", martèle-t-il. Le patron d’Alstom fait valoir que son entreprise bénéficiera de la puissance de Siemens : "nous aurons accès à leurs grandes capacités technologique et financière. C’est le meilleur des mondes avec l’ancrage en France et l’appui de Siemens".
"On ne peut pas dire que le TGV passe sous pavillon allemand". Henri Poupart-Lafarge veut également rassurer ceux qui craignent de voir le TGV, fleuron français, passer sous pavillon allemand. "Cette nouvelle société, nommée Siemens-Alstom, restera basée en France, à Saint-Ouen. La cotation sera à également à Paris. Nous serons donc une société européenne, avec un centre de décision en France. Donc non, on ne peut pas dire que le TGV passe sous pavillon allemand", assure-t-il. L’identité française d’Alstom va donc perdurer, jusque dans le logo de la nouvelle entité. "Nous y travaillons. On va faire en sorte que le ‘pulse’ d’Alstom qu’on peut voir dans les trains à côté du nom puisse apparaître distinctement", souligne le PDG.
Garanties sur l'emploi. Les salariés d’Alstom s’inquiètent toutefois de subir une casse sociale, à cause des activités qui vont doublonner avec celles de Siemens. Même si une garantie de sauvegarde de l’emploi a été obtenue pour quatre ans. "En réalité, la garantie court quatre ans après la clôture de la transaction, qui n’aura pas lieu avant un an. Donc c’est plutôt cinq ans à vrai dire", précise Henri Poupart-Lafarge. "Surtout, ce n’est pas une question de promesses, mais de la logique industrielle et financière. Cette opération ne se fait pas pour restructurer mais pour conquérir de nouveaux marchés. Ça bénéficiera pleinement au groupe et à l’emploi. Ce qui est important, c’est surtout la santé à long terme du groupe."
Soutien de l'État. Le PDG d’Alstom l’assure solennellement, "pendant cinq ans, aucun site français ne fermera". "Quand le siège aura été ancré en France pendant cinq ans, cela n’aura aucun sens de déplacer les 1.000 personnes qui travaillent à Saint-Ouen", ajoute Henri Poupart-Lafarge. Il n’écarte même pas l’idée de créer des emplois : "le groupe est innovant donc oui, nous allons pouvoir accroître sa capacité en recherche et développement et dans le digital". Preuve selon lui que cette fusion se fait dans de bonnes conditions : "l’État français soutient cette opération". "Ils ont bien compris que c’était une chance unique de créer ce groupe très fort, pas seulement pour résister à la concurrence, mais aussi pour offrir à nos clients les meilleurs services."