Les soldes d'hiver débutent mercredi avec l'espoir cette année pour les commerçants de rattraper un chiffre d'affaires de novembre-décembre catastrophique en raison des manifestations des "gilets jaunes", même si ce rendez-vous tend à s'essouffler à l'heure des promotions à outrance tout au long de l'année.
Une incitation à consommer pour aider les commerçants. À 8 heures, la secrétaire d'État à l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, lancera officiellement l'événement aux Galeries Lafayette de Paris, libérant des dizaines de consommateurs avides de bonnes affaires, prêts à s'écharper pour un manteau à -50% ou un sac à -70%. "Si on veut aider ses commerçants de proximité, il ne faut pas hésiter à consommer. C'est le moment de le faire, ils en ont besoin", affirmait mardi Agnès Pannier-Runacher.
Peu avant Noël, la FCD, la Fédération du secteur, avait estimé à deux milliards d'euros les pertes pour le commerce de détail à la suite des différents "actes" mis en place par les "gilets jaunes", qui réclamaient une hausse de leur pouvoir d'achat.
Des soldes qui attirent moins. L'espoir d'un rattrapage pourrait être douché par l'appétence de plus en plus faible des Français pour ce rendez-vous. Selon un sondage Odoxa datant d'octobre dernier, 56% d'entre eux estiment que les soldes ne servent "à rien", contre 41% en 2010. En raison de la multiplication des événements commerciaux tout au long de l'année, "les Français ont vu fleurir les étiquettes barrées et les deux rendez-vous saisonniers ont commencé à être désacralisés", selon le sondeur.
Des ventes en baisse depuis le mouvement des "gilets jaunes". Compte tenu du contexte "gilets jaunes", les soldes revêtent une dimension de survie pour certains. En novembre, les quelque 26.000 enseignes d'équipement de la personne, membres de l'Alliance du commerce, ont ainsi enregistré une baisse de leurs ventes de 6,1% : les vêtements pour enfant (-10%) et la lingerie (-7,5%) ont été particulièrement touchés, ainsi que la mode femme et homme (-5% et -3,8%). Et en décembre, le phénomène s'est accentué.
Un secteur déjà en difficulté. "La baisse des ventes ne pourra pas être pleinement compensée dans les mois suivants", cette crise touchant "durement un secteur économique déjà très fragilisé depuis plusieurs années", estime cette fédération. Début décembre, l'Institut français de la mode (IFM) prévoyait ainsi que la consommation de textile et d'habillement en France terminerait l'année 2018 en recul de 2,9%, soit l'une des pires depuis 10 ans.
D'un côté, "les besoins en trésorerie des commerçants sont par conséquent élevés" et de l'autre, "les échelonnements de paiement des charges fiscales et sociales annoncés par le gouvernement s'avèrent en réalité complexes et lents à mettre en place", selon l'Alliance du commerce.