L’industrie militaire française se porte bien, très bien même. Après avoir vendu des avions Rafale à l’Egypte et au Qatar, elle est en passe de décrocher ce qu’on appelle le contrat du siècle : l’Australie a choisi le groupe français DCNS pour lui fournir douze sous-marins d’une valeur totale d’environ 34,3 milliards d’euros. Ce qui devrait permettre de créer "des milliers d’emploi", a estimé le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, mardi matin sur Europe 1. Reste à savoir combien seront localisés en France.
Du travail pour la France mais surtout pour l’Australie. Pour décrocher ce contrat pharaonique, le groupe français DCNS a dû accepter une condition : les sous-marins seront assemblés en Australie. Canberra souhaite en effet bénéficier de transferts de technologie mais aussi et surtout donner du travail aux chantiers navals de la région d’Adélaïde. Les 34,3 milliards d’euros de ce contrat ne finiront donc pas tous dans les caisses françaises.
L’industrie française devrait au final récupérer seulement environ 8 milliards d’euros, d’après une estimation citée par Le Monde. Ce qui reste déjà plus que les 6,3 milliards d’euros versés par le Qatar pour acquérir 24 Rafales.
Les chantiers français auront de quoi faire. Outre les sous-marins, le contrat porte sur une enveloppe globale de 50 ans, comprenant notamment les infrastructures, la maintenance et la formation des équipages. De quoi créer "des milliers d’emploi", a assuré le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, mardi matin sur Europe 1. "Cela fait du travail pour les Français. Dans ce secteur, il y aura des embauches", a renchéri le ministre des Finances Michel Sapin sur LCI.
En effet, ce contrat devrait donner du travail au groupe DCNS mais aussi à ses 200 sous-traitants, principalement à Cherbourg, Brest, Lorient et Nantes. Au total, il y a de quoi faire travailler 4.000 personnes pendant six ans. Un autre chiffre donne la mesure de ce contrat : environ quatre millions d'heures d’ingénierie seront nécessaires côté français. Ce sont donc surtout des personnes qualifiées et très spécialisées qui seront nécessaires dans l’Hexagone, les emplois les moins qualifiés étant surtout créés sur le lieu d’assemblage, en Australie. "Il y un certain nombre d’équipements, notamment stratégiques, que l’on construit en France, et qui seront expédiés là-bas. Il va y avoir aussi de la formation, du soutien sur place, donc c’est assez dur, aujourd’hui, de dire combien on crée d’emploi exactement", a résumé Vincent Groizeleau, rédacteur en chef de Mer et Marine, mardi sur Europe 1.
Un bon signe pour le reste de l’industrie française. Si le groupe DCNS se réjouit d’un tel contrat, le reste de l’industrie tricolore de l’armement s’en félicite. D’abord parce qu’un tel contrat offre une publicité au savoir-faire français. Ensuite parce qu’il peut provoquer un effet d’entrainement : de nombreux pays peuvent être rassurés par le fait qu’un Etat comme l’Australie fasse confiance à la France pour un contrat qui s’étalera sur 50 ans. "C'est un savoir-faire qui s'exporte. On est reconnu donc par la suite ça ouvrira peut-être d'autres portes avec d'autres pays", a ainsi réagi sur Europe 1 un employé du groupe sur le site de Cherbourg.
Les clients potentiels qui hésitaient encore à acheter français pourraient donc franchir le pas, et ils sont nombreux. L’Inde négocie toujours l’achat de 36 Rafale, le Qatar pourrait acheter trois frégates, tandis que la Turquie s’intéresse au système de défense anti-aérienne proposé par Thales et MBMA. Sans oublier la Norvège, qui va passer commande de quatre à six sous-marins dans l'année.