Six ans d'investissements, zéro bénéfice. Six ans d'investissements colossaux et une place incontestée de numéro un mondial du streaming musical sans téléchargement. A première vue, les patrons de Spotify peuvent se réjouir de leur position dominante sur le marché. A première vue seulement, puisque les patrons suédois de la société n'ont toujours pas gagné un seul centime grâce à Spotify. Pire, 2014 est une année noire en terme financier, puisque la perte nette du groupe a triplé, atteignant 162.3 millions d'euros. L'explication de cette explosion des déficits ? Des "investissements substantiels" réalisés sur l'année, dans l'optique de se lancer sur le marché juteux de la vidéo musicale, comme le révèle le Wall Street Journal. Le journal financier américain ajoute que Spotify aurait déjà approché plusieurs médias comme Time Inc., Tastemade, Maker Studios ou encore Fullscreen, pour tisser un partenariat d'ampleur, à même de concurrencer le mastodonte Youtube. Autre facteur déterminant, l'entreprise reverse 70% de ses revenus aux ayants-droits, les artistes, ce qui réduit notablement la possibilité de retirer des bénéfices.
60 millions d'utilisateurs dans le monde. Selon la presse spécialisée américaine, Spotify envisagerait donc un modèle vidéo similaire à celui déjà proposé pour le son : à savoir un service disponible pour les abonnés et un autre pour les non abonnés, qui comprendrait de la publicité. A l'heure actuelle, sur les 60 millions d'utilisateurs de Spotify répertoriés en 2014, 15 millions seulement ont souscrit un abonnement, les 45 autres générant des bénéfices grâce à l'écoute de publicité.
Concurrence féroce sur le marché de la vidéo. Spotify se lance dans la vidéo car la concurrence devient chaque année plus rude sur le marché de la seule musique. En témoigne la croissance du groupe, toujours impressionnante, mais en baisse par rapport aux années précédentes : 128% en 2012, 74% en 2013 et 45% en 2014. L'une des raisons de ce ralentissement, la multiplication des adversaires: le français Deezer, Beats, la filiale d'Apple, qui compte mettre des bâtons dans les roues à Spotify, comme le rapporte Business Insider, Pandora et le nouveau-né Tidal, créé par le rappeur Jay-Z.
Le débarquement de Spotify sur le terrain de la vidéo en ligne pourrait être un tournant majeur dans l'histoire du groupe, qui reste l'une des start-ups non cotées en bourse les plus valorisées, puisqu'elle est estimée à 7.5 milliards d'euros. Reste désormais pour Spotify, six ans après sa création, à réussir à se faire une place au gotha des plates-formes mondiales de vidéos.