Le patron du groupe automobile franco-italo-américain Stellantis, Carlos Tavares, a démissionné. Une décision communiqué ce dimanche soir, après "des divergences de vues" entre lui et les actionnaires du groupe, a expliqué le conseil d'administration. Mais pourquoi celui qui a redressé PSA part-il en catastrophe ? Europe 1 fait le point.
L'annonce est un séisme dans le monde de l'automobile : Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, a démissionné de son poste . C'est ce qu'a annoncé le conseil d'administration de Stellantis, qui a expliqué avoir "accepté la démission de Carlos Tavares avec effet immédiat". Désormais, le groupe à la quinzaine de marques cherche un successeur, qui devrait être nommé au premier semestre 2025.
En attendant, c'est John Elkann (actuel président du groupe) qui prend la direction du nouveau comité exécutif temporaire. Pourtant, celui qui a pris la tête de PSA en 2014, ne devait quitter la tête du groupe qu'en janvier 2026. Alors, pourquoi ce départ précipité ? Europe 1 fait le point.
Des ventes en chute libre
En seulement 10 ans, le groupe a changé de dimension. En 2014, lorsque Carlos Tavares arrive à la tête du groupe français, PSA joue sa survie après des années de crise. Très vite, les marques du groupe (grâce entre-autre à l'arrivée de l'État et d'un constructeur chinois au capital ndlr), retrouve des couleurs et les nouveaux modèles (208, 308, 3008 2e génération, C3, etc) s'avèrent être des best-sellers. En seulement deux ans, PSA retrouve le sourire et affiche une rentabilité record pour l'époque, de 6,8% de marge opérationnel.
Le groupe grossit une première fois en rachetant Opel, puis en 2021, Stellantis naît grâce à la fusion du groupe français PSA et du groupe italo-américain FCA. Le groupe signe une performance record en 2022, se permettant de redistribuer près de deux milliards d'euros à ses employés et quatre milliards aux actionnaires au début de l'année suivante.
Mais voilà, après une décennie de bons résultats, les ventes du groupe vacillent, particulièrement en Amérique du Nord, pourtant un marché hautement important pour le géant. Au premier semestre, les ventes ont chuté de près de 18%, faisant plonger par la même occasion les marges opérationnelles sous la barre des 10%. Un premier mauvais signal auquel l'Europe ne peut pas venir en aide.
Car, si les voitures s'accumulent sur les parkings des concessionnaires aux États-Unis, ce n'est pas mieux sur le marché européen. Ainsi, en septembre, les ventes du groupe en Europe ont reculé de 27,1% par rapport à 2023. Et sur les neuf premiers mois de l'année 2024, la part de marché de Stellantis recul d'1,2% pour venir à 17,2%.
Une figure contestée
Il n'y a pas que la rentabilité du groupe qui pousse Carlos Tavares vers la sortie. Sa méthode qui a remis sur les rails PSA à l'époque, est également critiquée. Course à la réduction des coûts, mise sous pression des équipes et des fournisseurs... Celui qui se désigne comme "un psychopathe de la performance" selon une ancienne déléguée syndicale, a fait son temps.
Les syndicats se félicitent d'ailleurs ce lundi matin du départ du soixantenaire. Pour la CGT de Stellantis, Carlos Tavares "n'est pas à plaindre et aucun travailleur ne va (le) regretter", tandis que le syndicat américain United Auto Workers salue "un pas important dans la bonne direction pour une entreprise qui a été mal dirigée et une main-d'œuvre maltraitée". Malgré un départ précipité, Carlos Tavares ne partira pas les mains vides, le conseil d'administration de Stellantis ayant ouvert la voie à une indemnité de départ de plusieurs millions d'euros.