Le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a lancé lundi un appel au dialogue sur le prix du lait, alors que des agriculteurs s'apprêtaient à manifester devant le siège du groupe Lactalis à Laval, en Mayenne. Des organisations syndicales, dont les branches régionale et départementale de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) et sa branche laitière, la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait), menacent de bloquer ce site "tant qu'une véritable négociation ne sera pas engagée avec Lactalis".
Un secteur agricole en crise. Ces syndicats accusent cette société d'être "le groupe laitier qui paie le moins cher en Europe". "J'appelle les parties, donc Lactalis et les producteurs, à ouvrir le dialogue", a déclaré Stéphane Le Foll lors du compte-rendu du conseil des ministres de rentrée, lundi. "Le gouvernement est prêt à être en médiation et à aider à débloquer cette situation", a-t-il ajouté. "Si c'est nécessaire, le médiateur qui a déjà travaillé en 2014 sur la question de la filière laitière et des prix est à disposition des parties pour (...) retrouver les voies du dialogue." Le ministre de l'Agriculture a précisé qu'il présenterait "dans les jours qui viennent" un plan général portant sur "la mise en oeuvre des mesures européennes de maîtrise de la production laitière" obtenues par la France, ainsi que sur la production bovine et la production céréalière.
Des réunions avec les syndicats sont déjà prévues. Selon Lactalis, la surproduction et les excédents expliquent la faiblesse des prix du lait à la production. "Le groupe est tout à fait conscient des difficultés que les producteurs rencontrent aujourd'hui", a déclaré lundi matin sur France inter le porte-parole de Lactalis, Michel Nalet. Mais "ce n'est pas parce que l'entreprise (...) se porte bien et (...) se développe que nous pouvons nous exonérer de la réalité de notre marché", très concurrentiel, a-t-il ajouté. Il a précisé que des réunions avec les organisations de producteurs travaillant avec le groupe étaient déjà prévues. Le groupe est ouvert à la discussion avec ces organisations mais dénonce leurs méthodes", a-t-il ajouté. "Pour ce qui concerne la FNSEA et la FNPL, qui ont demandé un rendez-vous à notre président, nous avons répondu que, bien entendu, nous sommes disposés à discuter avec elles. Mais on ne peut pas à la fois guerroyer et faire un blocus (...) et stigmatiser notre groupe et demander de se mettre autour de la table", a dit Michel Nalet sur France inter.
L'entretien avec le président de Lactalis, demandé par le président de la FNSEA, "a été accepté sous réserve que les actions en cours cessent", a-t-il souligné sur BFMTV. Philippe Jéhan, producteur laitier et président de la FDSEA de Mayenne, a déclaré sur BFMTV, que les agriculteurs espéraient amener le groupe leader sur ce marché à "montrer l'exemple". "On espère que le leader (...) tire les prix vers le haut, donne des perspectives à ses éleveurs", a-t-il dit. "Ça obligera les autres entreprises et les autres coopératives à s'aligner."