Emmanuel Macron fait-il du Nicolas Sarkozy plus de dix ans après ? Avec la suppression des charges salariales sur les heures supplémentaires, qui figure dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, présenté mardi, c'est une forme de "travailler plus pour gagner plus", chère à l'ancien président en 2007, que prône aujourd'hui l'actuel chef de l'État.
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"Je vais récupérer 780 euros par an". Pour les salariés, c'est en tous cas un gain de pouvoir d'achat attendu. Au service marketing d'Armonia, une société de services leader dans l’événementiel basée à Paris, Pauline réalise 14 heures supplémentaires par mois et elle a fait les comptes : "Je vais récupérer environ 780 euros par an [avec la mesure], ce qui est assez significatif. C'est l'équivalent d'une sortie au restaurant en plus par mois avec mon mari et ma fille. S'il y avait un pic d'activité et qu'on me proposait de faire des heures supplémentaires, ça faciliterait ma réponse."
Son patron a lui une vision un peu différente, car la mesure ne supprime que les charges salariales sur les heures supplémentaires, pas les charges patronales. "Pour nos collaborateurs, c'est quelque chose de très bon, mais dans le secteur des services, il est important d'avoir beaucoup de flexibilité et c'est le quota d'heures supplémentaires à l'année qu'il faudrait libérer", regrette Guillaume Amar, directeur général d'Armonia. "Si on veut aller plus loin, ce serait les cotisations patronales qu'il faudrait supprimer."
Davantage d'heures supplémentaires en 2007. Il n'empêche que les salariés d'Armonia pourraient malgré tout avoir davantage recours aux heures supplémentaires une fois la mesure entrée en vigueur, normalement en septembre 2019 (voir encadré). En 2007, les charges patronales sur les heures supplémentaires avaient été supprimées sous Nicolas Sarkozy, Armonia avait nettement accru le recours aux heures supplémentaires. Le groupe dépassait à l'époque les 320.000 heures par an, contre 300.000 aujourd'hui.
Une mesure encore avancée ?
Au départ prévue pour 2020, la suppression des cotisations salariales sur les heures supplémentaires sera effective un an plus tôt, le 1er septembre 2019, comme l'a annoncé fin août Édouard Philippe dans le JDD. Mais selon nos informations, elle pourrait encore être avancée. Les députés LREM poussent en effet en ce sens, appuyés par Bercy, sous réserve que ce ne soit pas trop coûteux pour les finances publiques.