Emmanuel Macron, qui défendra au G7 en France ce week-end une taxation mondiale des géants du numérique, a dénoncé mercredi un système "fou" qui laisse des acteurs économiques mondiaux de premier plan avoir "un statut de paradis fiscal permanent".
Un système "pas soutenable"
"Les acteurs mondiaux du numérique ne contribuent pas fiscalement au financement du bien commun, ce n'est pas soutenable", a martelé le président français. Il a expliqué en avoir discuté lundi avec son homologue américain Donald Trump, qui s'est farouchement opposé ces dernières semaines à la taxe sur les grands groupes technologiques, généralement américains, votée par la France.
Faute de taxe internationale la France a taxé de son côté, comme une dizaine de pays européens. "Donald Trump m'a dit 'ils me disent tous que c'est toi'. La France, ça se voit plus. J'assume", a souri le président français. "La bonne réponse est celle que les ministres des Finances du G7 - dont l'Américain - ont proposé à Chantilly" lors d'un sommet mi-juillet : une taxation digitale internationale", a-t-il plaidé. "La question est de savoir si la Maison-Blanche est d'accord avec le secrétaire d'Etat américain au Trésor, a ajouté Emmanuel Macron, regrettant le "très fort lobbying" des géants du numérique.
"Nous sommes fous !"
"Il faut arrêter d'avoir des gens qui sont dans un statut de paradis fiscal permanent. Si vous êtes un géant du numérique, vous faites votre activité en France, vous ne payez rien. Vous payez sur vos droits d'auteur ou de propriété intellectuelle en Irlande, au plus bas taux, vous transférez sans taxe d'Irlande aux Pays-Bas. Et avec un accord entre les Pays-Bas et des paradis fiscaux, vous mettez le cash dans ces paradis fiscaux", a-t-il détaillé.
"Et vous avez un accord aux États-Unis pour que ces grandes entreprises américaines accumulent le cash dans ces paradis fiscaux, sans être taxés aux États-Unis ! Dès qu'un concurrent émerge, ils les achètent pour des milliards de dollars avec l'argent des Bermudes... Nous sommes fous ! Je ne suis pas d'accord avec ce système !", s'est-il emporté, soulignant que le système avait été mis en place sous la présidence de Barack Obama, le prédécesseur de Donald Trump.