Le ministre français de l'Économie a plaidé mardi au Parlement européen en faveur d'"une décision claire, nette, forte" de l'UE pour la mise en oeuvre d'une taxe sur les géants du numérique. "Laissons de côté l'Europe de la discussion et de la palabre", a lancé Bruno Le Maire, qui s'exprimait devant deux commissions parlementaires à Strasbourg.
"Comment peut-on accepter que des millions de consommateurs européens donnent gratuitement leurs données sans qu'il y ait au passage une taxe ?", a-t-il demandé. "La donnée, c'est la valeur de 21ème siècle, (...) la valeur la plus précieuse", a-t-il insisté.
Une taxe de 3 % sur les revenus de certaines activités envisagée. La proposition actuellement en débat, présentée en mars par la Commission européenne, prévoit la mise en place rapide d'une taxe de 3% sur les revenus tirés de certaines activités (publicité ou revente de données personnelles), le temps qu'une solution soit négociée à l'échelle mondiale au sein de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
L'Irlande opposée à ce projet. La France, à l'origine de cette proposition, espère que les autres pays européens l'approuveront d'ici la fin de l'année. Mais plusieurs pays restent opposés à ce projet, à l'image de l'Irlande, où plusieurs géants du numérique ont installé leur tête de pont européenne.
"Je n'ai entendu" aucun argument "rationnel". "Je comprends les peurs, mais des arguments rationnels, pertinents, convaincants contre cette taxe (...) je n'en ai entendu aucun", a répondu mardi Bruno Le Maire. "Nous aurons d'autant plus vite une solution à l'OCDE que l'Europe aura été capable (...) de créer cette taxe sur le numérique", a-t-il assuré.
"Un euro est toujours bon à prendre". Il a ensuite répondu aux détracteurs de cet impôt, qui estiment son rendement insuffisant : "On me dit que 5 milliards d'euros, ce n'est pas assez (mais) un euro est un euro et un euro est toujours bon à prendre." "Soit l'UE est libre, soit elle est vassale. Moi je crois en une Europe libre, souveraine", a-t-il poursuivi. "Si l'Europe se résume à être uniquement un gigantesque supermarché (...) sans intérêt pour ce qui nous rassemble comme valeurs humaines, le continent européen n'est plus rien. Il sera écrasé, broyé entre le Chine et les États-Unis", a-t-il conclu.