"Tout le monde est chauffé à blanc et il va y avoir mort d'homme". A l'image de ce chauffeur bordelais, les taxis ne décolèrent pas. Des milliers de chauffeurs en colère convergent jeudi matin sur les aéroports et les gares, à Paris et dans toute la France, pour dénoncer la "concurrence sauvage" de l'application mobile UberPOP (l'évolution des perturbations à suivre en direct ici).
"Le gouvernement défend les voyous". "On sert de vache à lait ! Nous sommes les honnêtes qui payons des charges, mais c'est nous les 'enfoirés de taxis'. Le gouvernement défend les voyous. Qu'ils viennent les ministres, se lever à 5h du mat', astiquer la voiture pour aller attendre sans même savoir ce que l'on peut gagner", renchérit le chauffeur bordelais, qui enchaîne : "je ne défends pas qu'on leur casse la tête, mais qu'ils nous foutent la paix".
Après Paris, Lyon, Lille, Toulouse, Bordeaux et Nice, Uber, numéro un mondial des voitures de transport avec chauffeur (VTC), a annoncé début juin l'arrivée à Marseille, Strasbourg et Nantes de son service controversé UberPop. Le principe ? La société met en relation les clients avec des chauffeurs non professionnels, pour des tarifs défiant toute concurrence. Des chauffeurs qui ne paient ni charges, ni licence donnant le droit d'exercer, et qui ne suivent pas les 250 heures de formation nécessaire à l'exercice de la profession de taxi.
"Il faut que les politiques nous comprennent. Et je pense que nous comprendre, ce n'est pas compliqué, même un enfant de dix ans y arriverait. Nous travaillons, nous sommes des entreprises, nous payons des charges, et ces gens-là font le même métier que nous sans rien payer. C'est un scandale", dénonce ainsi un chauffeur de taxi marseillais, jeudi au micro d'Europe 1.
"Attention à qui vous avez derrière". Cette frustration se convertit parfois en violence. A Lyon, Nice et Strasbourg, des clients ou chauffeurs UberPOP ont été agressés. A Strasbourg la semaine dernière, à deux reprises, un chauffeur de taxi s'est fait passer pour un client d'UberPOP pour amener le conducteur dans un endroit isolé, où il a été pris à partie par des chauffeurs de taxi qui ont endommagé son véhicule.
"On ne lâchera rien. Il faut que tous les taxis de France soient solidaires. On va les traquer", prévient un autre chauffeur phocéen. Et un dernier de conclure : "un grand message aux chauffeurs d'Uber : attention à qui vous avez derrière la voiture, et avec l'accent marseillais".