À La Souterraine, les machines frappent le métal depuis quelques heures. La production vient de reprendre dans l'usine GM&S, sauvée début septembre par le repreneur GMD, mais voilà qu'elle s'arrête déjà pour une Assemblée générale. Gilbert sort d'un atelier après huit heures de travail. "Ça travaille un peu, mais pas à 100% car les commandes ne sont pas encore passées. Ils nous disent qu'il y a des commandes de pièces à venir, mais c'est tout…", explique, incertain, l'ouvrier.
"Ils nous enterrent vivants". Dans la cour, Gilbert croise ses 156 anciens collègues, licenciés et venus se rassembler dans un hangar. "Je ne suis plus chez moi, ça fait mal au cœur. Ils nous ont mis dans le trou et sont en train de nous enterrer vivants", s'alarme Dominique, 35 ans de boîte, revenu pour la première fois sur le site depuis son licenciement. "On ne sait pas s'il va y avoir des fonds pour nous payer les formations. Quand vous dîtes à Pole Emploi qu'on doit normalement avoir une cellule que l'Etat met en place pour nous aider, ils ne sont pas au courant. Je pense que l'État a les moyens de nous donner quelque chose pour qu'on puisse bouger."
Climat tendu dans l'entreprise. Pour transmettre leurs plaintes, deux bus vont partir mercredi matin de l'usine en direction d'Egletons, petite commune corrézienne où le chef de l'État inaugure un nouveau campus de l'Ecole d'Application aux Métiers des Travaux Publics (EATP). À leur bord, il y aura d'autres ouvriers licenciés ainsi que quelques-uns, toujours salariés, qui vont poser une journée de grève pour les accompagner. Alors même que le climat dans l'entreprise reste tendu : certains de ces salariés ont reçu la semaine dernière une lettre d'avertissement du nouveau directeur.