La France se vante bien souvent d'être le premier pays touristique au monde. Une statistique qui cache une réalité plus contrastée. En réalité, "la France pourrait aller mieux", explique Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, dimanche, sur Europe 1. "L'objectif, qui n'est certainement pas le meilleur, était d'accroître le nombre de touristes. Et c'est vrai qu'il y a une légère augmentation." Celle-ci ne permettra cependant pas d'atteindre le seuil des 100 millions de touristes. Surtout, "il n'y a pas d'augmentation de la recette touristique".
Des visiteurs qui restent moins de temps
Concrètement, cela signifie qu'"on a des visiteurs qui dépensent peu ou restent moins de temps en France, notamment les Chinois ou les Japonais", analyse le professionnel. "L'objectif devrait être plutôt d'améliorer la recette et faire que les touristes lointains ne concentrent pas leur séjour en trois ou quatre jours à Paris, mais découvrent aussi les divers aspects de la France. Cela éviterait aussi le phénomène de 'sur-tourisme'", c'est-à-dire la concentration de touristes dans un seul et même endroit.
Ces chiffres en demi-teinte peuvent s'expliquer notamment par le climat social compliqué dans l'Hexagone. "L'image qu'on a de la France aujourd'hui [depuis l'étranger], ce sont des cohues et des scènes de violence le 5 décembre", jour de grève contre la réforme des retraites, estime Jean-Pierre Mas. "On a l'impression que le pays est arrêté et à feu et à sang. C'est faux, mais quand on a une telle image d'un pays, on annule ses vacances ou on annule en faveur de destinations concurrentes."
Tunisie, Turquie et Egypte tirent leur épingle du jeu
En revanche, le bilan touristique est plutôt positif pour les Français, "qui sont partis légèrement plus nombreux que l'an dernier à l'étranger, notamment pour les vacances d'été". Certaines destinations souffrent, du fait de "phénomènes qui peuvent mettre en péril la sécurité", comme le Sri-Lanka, qui a connu des attentats il y a un an, ou l'Amérique du Sud, en proie à de violents conflits sociaux. "Mais ce n'est pas durable", précise Jean-Pierre Mas. "Par exemple, le Sri-Lanka, il y a eu un arrêt complet des réservations au moment des attentats, il y a un an, et une reprise progressive des réservations à la fin de l'été. Le rythme n'est pas redevenu normal mais largement positif."
À l'inverse, d'autres destinations connaissent un retour en grâce, comme la Tunisie, qui "a retrouvé les niveaux d'avant le printemps arabe", ou la Turquie et l'Égypte, qui ont fait "un très bel été".